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La «Pieuvre» sur la Croisette!
61E FESTIVAL
Publié dans L'Expression le 21 - 05 - 2008

Un des événements les plus attendus, en dehors de Harrison Ford, Spielberg et Lucas, sur la Croisette était sans conteste, le film italien de Matteo Garronne, Gomorra.
Longtemps sevrés de cinéma néoréaliste de la grande époque (auquel Don Berlusconi mit fin dans les années quatre-vingt avec sa télé people...), les cinéphiles guettaient à chaque fois le dernier opus de Nanni Moretti à qui revenait la lourde charge de combler ce vide...
Il n'est pas dit que le prochain film de Gianni Amelio, adapté du Premier Homme d'Albert Camus (tournage prévu en Algérie, bientôt) ne confirmera pas, à sa manière, ce come-back...
Parlant de cette «hirondelle» qui annoncerait...l'avènement de cet événement, Francesco Rosi insiste, toutefois, sur le fait que «ce n'est pas un retour, c'est une continuité portée par une génération différente de la mienne mais qui s'attache à traduire la réalité sociale et politique de l'époque».
Il faut dire que Nanni Moretti affichait cette ambition de manière encore plus ouverte que d'habitude, dès 2006, avec son impitoyable Le caïman, un portrait au scalpel de Berlusconi, revenu depuis peu aux affaires...
Un autre inoxydable homme politique, à la peau de dinosaure, Giulio Andreotti, fait aussi les beaux jours du public italien qui le redécouvre encore plus dans Il Divo de Paolo Sorrentino.
Mais pour les Italiens, ce succès pourrait avoir aussi son revers...Présenter une mauvaise image du pays...«C'est une réalité choquante, mais elle existe, pourquoi la taire?» répond l'auteur de Gomorra, qui précise, à cet effet: «J'ai voulu restituer l'expérience émotionnelle que j'ai ressentie en découvrant qu'il y a, à moins de 200 kilomètres de Rome, en 2008, une véritable dynamique de guerre.»
Les temps ayant changé et l'écriture aussi, Matteo Garrone explique comment il a évité, selon lui, le cinéma militant, efficace il y a trente ans, mais un rien dépassé, de nos jours, dans sa «graphie»: «Je n'avais pas l'intention de faire un film à thèse pour dire que la Camorra est mauvaise, mais raconter la vie de personnes, souvent d'une grande humanité, qui sont prises dans un engrenage sans que l'ennemi soit bien identifié (...) Je me suis approché de cette réalité sans préjugés. Pour moi, l'engagement politique et social est dans le langage plus que dans le sujet, dans l'expression plus que dans l'information. L'aspect émotionnel m'intéresse davantage que l'approche intellectuelle.»
Avec un certain «détachement», le réalisateur expose plus qu'il ne montre. Et ce que l'on voit n'est pas du tout beau à voir...Il est d'autant plus inquiétant qu'il préluderait de ce qui attendrait, tout Etat qui s'accommoderait de zone de non-droit, où toute autorité ne se manifesterait que de manière quasi ponctuelle. Loin de Cineccita et de ses studios romains, où pourrait-être reconstitué même l'invraisemblable, le film a opté pour un réalisme dont la noirceur n'a d'égale que la cruauté croissante qui semble prendre, progressivement, possession des corps et des esprits...
«L'éthique est le frein des perdants», c'est ce que l'on finit par apprendre lorsqu'on vit dans la périphérie de Naples et que la maffia s'occupe de tout et du reste...Elle distribue généreusement des mini-doses de drogue, histoire de faire naître une génération de futurs clients en puissance. Elle distribue de petites sommes d'argent aux familles des membres de la Camorra derrière les barreaux. Bref, un système dans un système...Avec la mondialisation, les frontières tombent à coups, de dollars...Des territoires sont vendus aux gangs nigérians (la maffia russe étant passée à autre chose...). Des carrières abandonnées sont cédées aux intermédiaires chargés de soulager les industries européennes des déchets toxiques...
C'est d'ailleurs ce dernier trafic qui a ulcéré le jeune Roberto, au point de laisser en plan et de fuir ce milieu aussi dangereux que les acides qu'il déverse même sur des terres agricoles!
Ce même Roberto (Saviano) écrira, par la suite, un brûlot Gomorra qui inspirera le film! Saviano connut une gloire fulgurante mais sa tête fut mise à prix par la maffia, ulcérée d'avoir été «trahie» de l'intérieur...«On ne partage pas un empire d'une poignée de main, on le découpe au couteau», la Camorra l'a toujours prôné, c'est même devenue une loi d'airain...On accepte difficilement que les «règles» de ce qui constitue un des piliers du temple de l'économie occidentale, soient éventées de la sorte: un chiffre d'affaires de 150 milliards d'euros (par an), pour comparaison le groupe Fiat ne tourne, dans le monde entier qu'avec...58 milliards d'euros...
La leçon que l'on tire de Gomorra c'est que le crime organisée ne peut «fleurir» que sur un tissu social et urbain en déliquescence...Tant que cela concerne la périphérie, le pouvoir central laissera faire.
Faisant semblant d'ignorer qu'une «pieuvre» étend toujours ses tentacules...Et lorsque l'on se réveille, il est trop tard! Et les Napolitains qui craignent le choléra cet été, le constatent douloureusement, chaque jour encore plus, devant ces montagnes d'ordures qui se dressent dans le centre-ville et qui sont en train d'obstruer même la route de l'aéroport. «El Cavaliere» qui est maintenant à la tête de l'Exécutif, a des soucis à se faire...Mussolini disait: «on ne gouverne pas l'Italie c'est inutile»...Venant d'un fasciste, adepte de la théorie du chaos, cela ne pouvait être surprenant, reste à savoir plutôt combien de temps cela va durer.
La Camorra pousse ses pions, reste à savoir jusqu'où...Dans le film de Matteo Garrone, il semble que la marge de manoeuvre est encore grande.
«Grâce à nous ce pays est encore dans l'Europe», balance le préposé aux déchets toxiques.
Il n'exagère pas trop, le décor «naturel», qui défile sous nos yeux rappelle que la tiers-mondisation de l'Italie n'est pas qu'une vue de l'esprit...Ce pays gangrené par la maffia existera aussi grâce aux milliers de harragas qui accepteront de nettoyer les cuves radioactives, de récolter des tomates souillées et de travailler dans des ateliers clandestins chinois, cédés par la Camorra, comme dans Gomorra, à des membres des triades chinoises...
Matteo Garrone ne prétend pas au réalisme documentaire: «Je propose la réécriture d'un imaginaire lié à la criminalité».
Un film palmable? Peut-être, même si l'enchevêtrement du récit, qui aura pu être un enrichissement, dans sa façon d'épouser la narration éclatée, souffre d'un manque de souffle palpable.


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