Dans notre société, l'identité ne pourrait se mesurer, au juste, que par la contribution de la femme dans les grands travaux de la vie morale, éducative, économique, politique. Il est, en effet, paradoxal, étrange, que l'on soit oublieux des grands principes enseignés par la Nature, l'Histoire, la Religion, la Politique, que le droit et le devoir de la femme sont inscrits dans le registre des complémentarités du couple, face à la vie, à la vie tout court. Sans faire de digression prétentieuse, il est à rappeler que le trésor de notre pays est sa jeunesse - de même que l'a été celle du 19 mai 1956 - et, certainement encore et surtout, la jeune génération actuelle qui est une force morale, physique, économique pour le développement, la modernisation et la consolidation dans tous les domaines de notre pays, tout bénéfice pour nous-mêmes aujourd'hui et, évidemment, pour les générations prochaines qui, chacune d'elles, à son tour, doit préparer l'avenir de la suivante. On s'émeut de l'incapacité de notre pays de décoller, de progresser. Malgré tous les efforts des bonnes volontés à tous les niveaux de notre société, on reste quand même, hélas, sur le carreau, sur le seuil d'une Algérie à laquelle nous rêvons tous: cultivée, juste, généreuse, progressiste, c'est-à-dire humaine. Pourtant, chacun de nous sait que nous sommes capables de réaliser de beaux projets de vie et d'avenir, car chacun sait combien nous avons du bon sens. On sait que la famille est essentielle dans la construction d'une honnête vie familiale, combien notre conscience écoute l'appel des héros de notre histoire nationale et combien les voix justes qui guident notre foi et forgent l'acier de notre dignité, peuvent nous permettre d'être des Algériens libres, honnêtes, tolérants, respectueux de la personne humaine. Cela nous vient de l'amour infini que nous offre notre Patrie et qu'il nous faut lui rendre en amour spontané, raisonné, créateur de bonheur et de fraternité. En vérité, il nous faut courir l'éternité en couple: homme et femme, jeune homme et jeune femme. Après tout, ne serait-il pas là le secret du bonheur à vivre chez nous? Ne nous faut-il pas cultiver notre conscience, la morale, la psychologique, la professionnelle, la collective, la nationale? Et sans relâche élever la conscience de soi!... Justement, à travers le livre La Minorité invisible (*) de Abdelatif Rebah, le lecteur, sensible aux aspirations et aux besoins de la société à laquelle il appartient, jaloux de l'humaine sagesse acquise auprès des aînés, retrouve un clair écho, peut-être quelque peu oublié, du rôle primordial de la femme dans l'entreprise qui forme les hommes de grands esprits et de grand coeur. Professeur de formation, fort d'une expérience effective sur le terrain de la gestion des entreprises, Abdelatif Rebah nous livre sa réflexion sur la part de services réussis que la femme algérienne quand, comme naguère aux heures décisives de la vie du pays, elle se prend en charge, devient une ouvrière libre et élégante, une incontestable valeur ajoutée à la valeur personnelle de l'homme algérien. L'auteur a cette observation: «Le temps d'une célébration, le 8 mars de chaque année, la femme algérienne s'empare de l'espace public, occupe les colonnes des médias, s'attire les faveurs du discours politique et, une fois n'est pas coutume, le genre étant à l'honneur, des chiffres se mettent au féminin: population, emploi, chômage, niveau d'instruction,...» L'usine, l'école, la famille, l'administration, la presse, la santé, le sport, la politique, l'histoire, le commerce, la sécurité nationale sous toutes ses formes,...se mettent, ce jour-là, en mouvement, en quête de nos repères au féminin dignes d'éloges,...Et l'on se souvient de nos héroïnes de toutes les luttes de libération. Et l'on se souvient de la première épouse du Prophète (QSSSL), Khadîdja bent Khouwaylid (que Dieu l'agrée), aussi. On la dit «femme d'affaires» accomplie qui avait bâti sa fortune par l'intermédiaire de quelques hommes qui faisaient du commerce pour son compte. On insiste que c'était une femme intelligente et d'une grande éducation. Abdelatif Rebah nous présente, en exemples d'étude, une vingtaine de femmes d'affaires de l'Algérie d'aujourd'hui. Ce sont des «Chefs d'entreprises au féminin» dont «la pudeur est naturelle, le look élégant et discret». Elles ont toutes une «forte sensibilité au qualitatif», quelque chose en elles qui fait fleurir même «des arpents de sable et de la pierraille», concrétise toujours un projet professionnel ou conçoit «les voies de l'émancipation des femmes» pour se construire un espace autonome et n'avoir pas à rougir de leur palmarès. La question, chez nous en 2008, reste posée: «Comment celles à qui l'histoire et la culture mais aussi la politique ont assigné la place de subordonnées à vie, s'identifiant à l'espace domestique comme fait la nature, peuvent-elles être chefs et d'entreprise, de surcroît?» - c'est la volonté de s'extirper de la glu de l'ignorance, avant tout. Mais je crois, comme tout le monde, à l'éducation, à l'instruction, à la morale, à la foi en la personne humaine,...au travail libérateur! À la femme qui respecte l'homme qui travaille, à l'homme qui respecte la femme qui travaille. Alors «La Minorité invisible»? - rien n'est moins sûr que ce titre négatif...Bientôt, on aura tout le temps de dire ce qu'est donc un citoyen, ce qu'est donc une citoyenne en Algérie: «Nation, Patrie, Etat» (*) LA MINORITE INVISIBLE de Abdelatif Rebah Casbah-Editions, Alger, 2007, 165 pages.