Les réseaux les plus importants restent ceux démantelés à Tébessa, Boumerdès, Annaba et Saïda. Qu'ils soient qualifiés de réseaux dormants, de soutien, d'agents en hibernation, de cellules urbaines ou d'on ne sait quoi encore, ils ne sont pas moins considérés comme terroristes à part entière. Ce sont les réseaux activant à l'intérieur des tissus urbains, loin des ratissages militaires, de la rudesse des maquis, et surtout de tout soupçon à leur égard. Depuis le début de l'année, au moins 120 agents de ces réseaux urbains ont été arrêtés, tant à l'Est du pays, au Centre ou à l'Ouest. Les plus importants, en nombre, restent ceux démantelés à Tébessa, Boumerdès, Annaba et Saïda. Le nombre total des groupes arrêtés dans ces quatre villes excède, à lui seul, la soixantaine d'agents. Les ramifications de ces groupes ont démontré aux enquêteurs que la toile tissée est très étendue, élastique, et au point de vue organisationnel, pyramidale. Le groupe de Tébessa, composé de 20 hommes armés, faisait du racket son «pain quotidien» avant d'être arrêtés par les services de sécurité locaux. Devant le juge, tous ces «citoyens au-dessus de tout soupçon» affirmaient leur affiliation au Gspc et la dîme que le groupe prélevait sur le racket pour permettre aux terroristes «là-haut» de survivre. Ces 20 hommes armés étaient tous fonctionnaires dans des petites villes et s'adonnaient la nuit venue, au racket. Jusqu'à leur arrestation, ils passaient pour des citoyens intègres et tout à fait ordinaires. A Saïda, il y a deux semaines, deux groupes ont été démantelés. Le premier composé de 13, le second, de 5 personnes. Ce dernier activant à cheval entre Saïda et Bel Abbes. Démantelés vers le début du mois d'avril, ils donnaient auparavant l'air d'être des antiterroristes, tant ils cultivaient l'art, en public, de désavouer ces derniers. Le juge a placé tout ce beau monde en détention préventive, en attendant d'instruire le dossier d'autres groupes qui sont encore en phase d'instruction. A Boumerdès, la brigade de gendarmerie locale avait appréhendé une quinzaine de personnes faisant partie d'un réseau important de soutien au Gspc. Ce vaste réseau s'étendait de Boumerdès jusqu'aux hauteurs de Beni Slimane, à Médéa, et impliquait un nombre d'agents de soutien au terrorisme. Ce réseau urbain démantelé est, soulignons-le, la face visible de l'iceberg. Au moins une trentaine appartenant à ce réseau a pu s'échapper des mailles des services de sécurité, assure un haut responsable, du fait, a-t-il dit «de leur implication minime, presque invisible, dans les faits qui sont reprochés aux autres membres du groupe». En deux mots et pour contourner ces énumérations, le problème des réseaux de soutien se pose avec insistance. L'élimination spectaculaire de Zouabri, le 8 février dernier, en plein centre-ville de Boufarik, l'a mis en avant de la lutte antiterroriste dans les milieux urbains. Jamais le chef de guerre du GIA n'aurait pu s'installer dans le centre d'une ville aussi «connaisseuse» de Zouabri sans qu'une aide solide lui soit apportée. Récemment, les attentats à la bombe ont fait le tour d'Alger. Belcourt, Birkhadem, El-Harrach, la Concorde, la Grande-Poste, El-Biar et Rouiba se sont réveillés aux bruits d'engins explosifs. Et là encore, jamais pareils explosifs n'auraient pu être déposés sans un réseau de soutien conséquent. Un spécialiste du renseignement algérien estime que les réseaux de soutien sont au moins dix fois plus importants que les groupes armés eux-mêmes. Disséminés dans les villes, inconnus des services de sécurité, des MM.Propre en somme. Inquiétant.