La Centrale est présente dans la course aux législatives avec 40 candidats pour 400.000 travailleurs. La célébration de la Journée mondiale du travail intervient cette année en pleine période électorale. Se voulant l'incontournable interlocuteur du monde du travail par un mouvement de protestation sans précédent, marqué par le nombre important de débrayages ces derniers mois, la Centrale est aussi amenée à assumer le choix d'avoir fait un aller sans retour dans le monde impitoyable de la politique. Ces deux extrêmes font de cette organisation syndicale une vraie caisse de résonance et un véritable gisement électoral. En tout cas, les observateurs attendent sans aucun doute le discours que prôneront les cadres de la Centrale lors de la célébration du 1er Mai. Quant au poids réel de l'UGTA, il faut avouer à ce propos, qu'une seule virée dans la symbolique zone industrielle de Rouiba n'a pas suffi pour avoir une idée claire, sur ce qui tourne dans l'esprit des travailleurs. Le syndicat de Sidi Saïd ne semble pas perdre de sa popularité et donne l'impression d'être aussi vif que du temps de Benhamouda, même si, au passage, compressions d'effectifs obligent, les rangs du syndicat se sont dégarnis. La seule préoccupation des travailleurs qu'on a pu rencontrés se concentre sur la préservation de ce qui reste comme emplois et comme tissu industriel. Le fait qui retient l'attention, c'est que les travailleurs ne veulent pas afficher leur penchant électoral. Une réponse anticipée à ce qui pourrait venir des représentants de la Centrale, pouvant appeler à voter pour les candidats syndicalistes. C'est ce qui ressort des déclarations d'un groupe de travailleurs du complexe mécanique. «Qu'ont-ils fait nos députés pour sortir l'industrie du gouffre du bradage?», apostrophent-ils. En revanche, la position des pétroliers et des travailleurs de l'éducation par rapport à la politique du gouvernement a, vraisemblablement, fait monter la cote de la Centrale qui, pour justifier son statut syndical, n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur le traitement du dossier de l'accord avec l'UE. «Il n'est jamais trop tard pour bien faire», nous répond un syndicaliste satisfait, pour justifier la réaction tardive de l'Ugta, par rapport à cet accord avec l'UE. L'Ugta est présente dans la course aux législatives avec 40 candidats, pour 400.000 travailleurs, soit un candidat pour 10.000 travailleurs. D'autant plus que ces candidats figurent sur les listes de plusieurs partis politiques. Pour préserver ses acquis des dernières législatives, voire obtenir plus, l'Ugta devra jouer le tout pour le tout en essayant minutieusement de justifier son statut de première organisation syndicale du pays. Aussi, à l'occasion de la Fête du travail, il y a lieu de décrypter les messages qui vont être adressés à travers toutes les wilayas où se dérouleront les festivités. La Kabylie, qui est bien partie pour boycotter les prochaines élections, sera au menu de l'Ugta, bien représentée dans la région, notamment dans le secteur de l'éducation nationale. Enfin, il est clair que la remarque des observateurs sur le rôle par trop politique du syndicat de Sidi Saïd est fondée. Cependant, les mêmes observateurs conviennent de la pertinence de cette intrusion dans le champ politique. A un mois des prochaines élections législatives, l'Ugta peut-elle faire autrement que de s'immiscer encore une fois dans le débat électoral et choisir ses poulains? A voir les enjeux de l'heure, il semble que la réponse a toutes les chances d'être positive.