La réforme de l'Etat semble être le seul dénominateur commun à ces trois candidats à l'élection présidentielle. Pour commencer, une étincelle. Les deux candidats Ali Fawzi Rebaïne et Djahid Younsi, en compagnie de Mohamed Saïd ont menacé de se retirer de la course électorale. Les représentants des trois candidats ont exprimé cette position lors d'une conférence de presse tenue le 30 mars dernier au siège du parti AHD 54, laquelle conférence a été organisée en guise de protestation contre «les irrégularités constatées» durant la campagne électorale. Le lendemain, Moussa Touati a «coupé court à toute spéculation» sur la possibilité de le voir se joindre à «la valse à trois temps». Se déclarant «investi de la confiance des militants du parti et des citoyens qui ont signé en faveur de sa candidature», Moussa Touati a affirmé sa volonté d'aller jusqu'au bout. Ainsi, le président du FNA a réduit à néant la probabilité d'un remake du scénario de la présidentielle de 1999. La sortie de Moussa Touati a mis en évidence l'absence de coordination et de cohérence pouvant permettre une initiative commune des candidats dits «du changement». Néanmoins, cela est loin d'ébranler le président du FNA. Preuve en est, Moussa Touati compte mener sa «révolution par l'urne» jusqu'à l'instauration d'«un système parlementaire». Ce faisant, le candidat a promis d'organiser des «élections législatives anticipées pour réhabiliter le Parlement dans son rôle de pouvoir législatif et le libérer, ainsi, de l'emprise de l'Exécutif». L'Etat de droit que préconise Moussa Touati repose sur «le rajeunissement des institutions de l'Etat». Autrement dit, le candidat du FNA milite pour l'accession de la génération postindépendance au pouvoir. Pour Djahid Younsi, l'opportunité a été de représenter «le courant islamiste» pour marquer la présence du mouvement El Islah sur l'échiquier politique national. Pour cela, il n'y a pas meilleure occasion que l'élection présidentielle qui, presque par définition, est l'événement politico-médiatique majeur dans la vie politique d'un pays. Conscient de cette importance, Djahid Younsi a haussé le ton au point de défier le président-candidat à un débat contradictoire à l'américaine. Se voulant pragmatique à souhait, le candidat d'El Islah s'est déclaré favorable à l'élection d'une femme à la magistrature suprême du pays (voir l'entretien accordé à L'Expression du 22 mars 2009 - Ndlr). L'appel aux femmes est à peine voilé pour voter en faveur de celui qui s'est présenté comme porteur d'un projet «ni capitaliste ni trotskiste». Loin d'être innocente, la précision fait allusion à Louisa Hanoune du Parti des travailleurs. Durant son périple électoral, le président d'El Islah a plaidé pour «la réhabilitation de la souveraineté populaire». Dans le cas où il serait élu président de la République, Djahid Younsi a promis de «recourir au choix populaire sur les questions d'intérêt national et d'importance stratégique». Sur le plan politique, le candidat d'El-Islah s'est engagé a «organiser un référendum pour une amnistie générale s'inscrivant dans le cadre de la Réconciliation nationale». Dans la foulée, Djahid Younsi a affiché son «hostilité» quant à l'«adhésion de l'Algérie à l'Union pour la Méditérrannée (UPM)» car, «reposant sur des valeurs civilisationnelles inexistantes». De promesse en promesse, Ali Fawzi Rebaïne s'est engagé, depuis Bouira et à 48h de la clôture de la campagne électorale, à «oeuvrer à la promotion de la langue amazighe et à la protection du patrimoine culturel qui incarne la mémoire collective de la nation». Préconisant la décentralisation des pouvoirs, «le candidat des pauvres» a promis de nommer un civil à la tête du ministère de la Défense s'il était élu président de la République. Chacun à sa façon, les trois candidats prônent la réforme des institutions de l'Etat et promettent de l'appliquer s'ils sont portés à la tête de l'Etat.