D'agréables surprises peuvent se faire jour avant la fin du semestre en cours. Il ne fait aucun doute que la célébration de la Fête internationale des travailleurs, cette année, intervient dans une conjoncture toute particulière puisqu'elle précède de peu la bipartite et la présidentielle d'avril 2004. Parfaitement consciente de ces enjeux, comptant même jouer à fond la carte de l'«émulation» entre le chef de l'Etat et son Chef du gouvernement en vue de décrocher un maximum d'acquis en faveur du monde du travail avant l'année prochaine. Dans son communiqué, rendu public hier, Abdelmadjid Sidi Saïd ne cesse pas, en effet, de souligner que «la célébration du 1er Mai de l'an 2003 intervient dans le prolongement et la continuité de la grève générale de protestation décidée et organisée par l'Ugta les 25 et 26 février dernier, massivement suivie à travers tout le territoire national». Désormais, la Centrale, donnée pour mourante, voire finie, revendique désormais la «bagatelle» de quatre millions d'adhérents et de sympathisants. A ce titre, elle est la première force du pays. Elle domine de loin l'ensemble des formations politiques. Cette force, en outre, implique d'énormes responsabilités dont la Centrale, après quelques égarements, a pris la pleine mesure et conscience. Dans son communiqué, Abdelmadjid Sidi Saïd poursuit: «Devant vous et pour vous (les travailleurs), nous réitérons notre engagement à tout mettre en oeuvre pour faire aboutir les revendications d'augmentation des salaires, la refonte du statut de la Fonction publique et la sauvegarde du système national de sécurité sociale et régime de retraite dans les formes et les résultats les plus acceptables, par la voie de la négociation et du dialogue que nous voulons sérieux, franc, actualisé et productif et que nous privilégions jusqu'aux extrêmes limites...». La Centrale, qui continue de prôner le dialogue et qui sait, en outre, que le glas des concessions sans limites a définitivement sonné, ajoute que, dans le cas contraire, «l'Ugta se verra dans l'obligation de recourir, une fois encore, à des formes et des moyens de lutte plus percutants et plus persuasifs que ceux qu'elle a organisés tout récemment». Il est, à ce propos, question d'aller, notamment, vers une grève nationale plus étalée dans le temps que la précédente, mais aussi vers des grèves sectorielles et cycliques que les fédérations, dès à présent, oeuvrent à préparer afin que la mobilisation ne baisse pas d'un cran. L'Ugta, dont la souplesse n'a d'égale que sa force dans ses combats actuels, comme nous l'a affirmé hier son premier responsable, ne rejette pas en bloc tout ce qui vient des pouvoirs publics. Tout en rejetant ce qu'elle qualifie d'économie sauvage et dévastatrice, la Centrale ne conteste pas les actuels choix économiques, devenus inéluctables. «L'Ugta sait la nécessité et l'urgence de certaines réformes. Elle sait le caractère incontournable et avantageux des politiques audacieuses et imaginatives d'ouverture et de partenariat de l'extérieur». Les choix, clairs, s'énoncent comme suit: «L'Ugta se prononce pour une économie sociale de marché parfaitement cohérente, lisible et visible dans sa stratégie et ses objectifs, solidement appuyée sur un consensus national le plus large, un Etat de droit fort, juste et respecté, une justice indépendante, une pratique démocratique et un respect des libertés individuelles et collectives perçues comme telles par le peuple dans toutes ses composantes culturelles.» Les options politiques, ainsi défendues par le Centrale, montrent bien qu'elle ne se retirera pas aussi facilement de ce champ tant qu'elle considère, nous disent des sources proches de la Centrale, que l'Algérie n'est pas encore arrivée à bon port. La Centrale, en effet, continue de considérer les victimes tombées dans la lutte contre les terroristes comme des martyrs pas moins déméritants que les chouhada de la Guerre de libération nationale. Au plan du dialogue social, il est fort à parier que la bipartite intervienne avant la fin de ce semestre afin qu'elle ne chevauche pas avec le «réchauffement» de la précampagne électorale. Les quatre grands dossiers au menu seraient finalisés d'ici à la fin du mois prochain. Nous y reviendrons avec plus de détails dans notre prochaine édition.