Au moment où Sonatrach va remettre le sigle au MJS, on assiste à des perturbations dans sa section football. Une assemblée générale extraordinaire du Mouloudia club d'Alger, dans sa version Sonatrach, se déroulera ce matin à la salle de conférences de l'Office du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf. L'ordre du jour de cette assemblée générale ne nous a pas été fourni mais on croit savoir qu'il s'agit de se séparer du sigle MCA et qu'après décision il sera remis au ministère de la Jeunesse et des Sports. Cela fait bien longtemps que cette idée germait chez les dirigeants de Sonatrach qui s'étaient retrouvés dans une situation anachronique et antiréglementaire dans la mesure où depuis que la section football s'est retirée de la tutelle de l'entreprise pétrolière, le sport algérien fonctionnait avec deux MCA. Selon les informations en notre possession, le sigle sera remis au MJS parce que c'est lui qui en avait hérité en 1977, à l'avènement du Code de l'EPS, et qui l'avait remis, ensuite, à Sonatrach, à la suite de la décision du Conseil des ministres qui avait placé la gestion des clubs sous la coupe des entreprises publiques. A partir de là, on devrait s'attendre à ce que le MJS précipite les choses, à savoir créer un comité ad hoc qui sera chargé de réunir toutes les conditions pour une espèce de refondation du club, qui repartirait sur des bases réglementaires. On croit savoir que le ministère aurait demandé la liste de ceux qui étaient en poste en 1977, au moment de la cession à Sonatrach, via le MJS et dont le seul président, encore en vie, est Abdelkader Drif. Ce serait ces membres-là qui feraient partie du comité ad hoc chargé de la préparation de l'AG de refondation, puis élective, étant entendu qu'aucun de ces membres ne sera candidat. C'est ce que l'on nous a assuré comme on nous a assuré qu'aucun responsable qui a activé au sein de Mouloudia durant toutes ces 31 dernières années ne sera marginalisé. Tout dirigeant et ex-dirigeant, de quelque bord qu'il soit, sera admis à donner son point de vue en assemblée générale. Au lendemain de l'AG de ce lundi, toujours au Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, des responsables du MCA d'avant la réforme de 1977, vont convier les journalistes pour une conférence de presse dont le thème essentiel tournera autour de la situation qui prévaut, en ce moment, dans le football algérien et les derniers événements qui ont secoué la scène sportive. Il ne fait aucun doute qu'on en profitera pour parler des problèmes du MCA après que Sonatrach ait décidé de remettre le sigle du club entre les mains du MJS. Pendant ce temps, le MCA, dans sa version football, celle qui est placée sous la tutelle de l'association El Mouloudia et qui, en fin de compte, recevra le sigle, connaît des remous. Alors que ce club vient de sauver sa saison en réussissant à se maintenir en division1, on apprend que des divergences sont apparues au sein de sa direction. Ces divergences sont tellement importantes q'elles ont abouti à la démission du président de section, Châabane Louanès de sa fonction mais également de l'association El Mouloudia. C'est l'intéressé lui même qui nous en fait la révélation, nous indiquant que tout ce qu'il avait entrepris «était presque soumis au sabotage». «La saison vient de prendre fin et il fallait penser à la suivante depuis quelques semaines déjà, nous a-t-il dit. Il s'agit de ne pas s'endormir car les autres clubs activent et recrutent. C'est pourquoi j'ai pris contact avec un certain nombre de joueurs qui étaient prêts à revêtir le maillot du Mouloudia la saison prochaine. Je ne cherche pas la gloire, mais vous savez il suffit qu'il y ait Chaâbane Louanès devant eux pour que les joueurs acceptent de venir parmi nous alors que d'autres peuvent se présenter avec des chèques à plusieurs zéros, ils n'obtiendront rien. C'est une question de confiance et les joueurs savent qu'ils peuvent compter sur moi lorsque je leur donne ma parole. Voilà que j'apprends qu'on me dénie le droit, à moi le président de la section, membre de la commission ad hoc, de recruter des joueurs. Ce qui me reste à faire donc est, de me retirer. Tout ce que à quoi on va aboutir, c'est la désertion des joueurs contactés par mes soins au profit d'autres clubs. J'ai l'esprit tranquille, tout ce que je faisais c'était dans l'intérêt du Mouloudia. Je suis Mouloudéen dans l'âme et on ne pourra jamais me reprocher d'être venu pour me remplir les poches. Si j'ai pris sur moi de contacter des joueurs, c'est pour aider ce club à avoir un effectif compétitif la saison prochaine. C'est, surtout, pour permettre à ceux qui viendront prendre les rênes de la direction du club après l'assemblée générale élective d'être à la tête d'une équipe qui peut jouer les premiers rôles en championnat. Je ne cherche pas à m'agripper à mon poste, mais personne ne pourra me contester mon statut de Mouloudéen.» Ayant appris qu'une réunion, du Comité ad hoc, devait se tenir hier matin, Chaâbane Louanès nous fait savoir qu'il n'y a pas assisté. «Vous voyez, je suis dirigeant de cette section et membre du comité ad hoc et je n'ai reçu aucune convocation pour une prétendue réunion. S'ils veulent maintenant se mettre à contacter des joueurs, qu'ils sachent que le train est parti depuis longtemps. Les dirigeants des autres clubs ne dormaient pas, eux.» Chaâbane Louanès nous fait part, également, de son regret d'avoir vu la saison se terminer sans qu'une réunion d'un au-revoir n'ait eu lieu avec les joueurs. «C'est moi qui ait discuté avec les joueurs qu'on a sur place parce que avant de songer à ramener de nouveaux joueurs, il faut, d'abord, penser à retenir ceux que vous avez sous la main. J'aurais aimé qu'après le dernier match de championnat, on réunisse autour d'un repas les joueurs et leur staff technique, qu'on leur parle, qu'on les réconforte. J'aurais aimé qu'on discute avec notre entraîneur Amer Djamil, lui dire qu'il doit rester et lui donner des garanties sérieuses qu'il pourra travailler en toute sérénité. On a préféré l'improvisation au travail méthodique. Je préfère, donc, partir pour que demain on ne dise pas que c'est de ma faute si le Mouloudia n'est pas arrivé à avoir une équipe performante.» En guise de conclusion, Chaâbane Louanès nous dira: «Je me retire et attend la suite des événements. Je sais que le Mouloudia va vivre une nouvelle ère de son histoire après que Sonatrach remette le sigle MCA à ses représentants. Si on veut de moi dans une équipe, je suis partant. Sinon, je me mettrais en retrait, toujours au service du MCA parce que, comme je vous l'ai déjà dit, personne ne pourra m'enlever ce statut.» Et Abdelkader Drif auquel on parlait, un jour du rôle de Chaâbane Louanès au sein du MCA, nous disait à son sujet: «J'ai côtoyé de nombreux dirigeants dans ce club. Le seul qui ait toujours répondu présent lorsqu'il fallait mettre de l'argent de sa poche, c'est bien Chaâbane Louanès.»