Sur quoi, ou de quoi, le président palestinien et le Premier ministre israélien vont discuter au regard du blocage du processus de paix et de l'expansion coloniale israélienne. Les dirigeants israélien, Ehud Olmert, et palestinien, Mahmoud Abbas, se rencontraient de nouveau, hier, dans un climat alourdi par une grave crise politique en Israël et l'annonce de nouvelles constructions dans des quartiers de colonisation juive à Jérusalem-Est. La rencontre, la première depuis le 5 mai, devait avoir lieu hier à la résidence de fonction de M.Olmert à Jérusalem. Elle interviendra quelques heures avant le départ de M.Olmert pour Washington, principal parrain des négociations de paix israélo-palestiniennes relancées en grande pompe en novembre à Annapolis et censées aboutir à un accord avant la fin de l'année. Déjà compromises par l'absence de progrès, les chances de parvenir à un tel accord semblent s'éloigner encore plus du fait de la crise politique en Israël. M.Olmert est poussé à la démission après avoir été mis en cause dans une nouvelle affaire de corruption. A la veille de la rencontre, Israël a provoqué l'ire des Palestiniens en annonçant des projets de 884 nouveaux logements dans la partie orientale occupée de Jérusalem alors que la colonisation constitue déjà une des principales pierres d'achoppement dans ces négociations. Cette annonce a été faite à l'occasion de la célébration, hier, du 41e anniversaire de la réunification de la ville, marquant l'occupation et l'annexion de sa partie orientale par Israël en juin 1967. ´´La rencontre portera surtout sur la colonisation qui menace de détruire le processus de paix´´, a déclaré à la radio palestinienne le négociateur palestinien Yasser Abed Rabbo. ´´Cette fois-ci, la colonisation sera discutée d'une façon déterminante pour la poursuite des négociations´´, a ajouté M.Abed Rabbo. Il a accusé Israël de chercher à travers ses projets de colonisation à ´´morceler´´ les territoires palestiniens ´´en cantons isolés contrôlés par des barrages et anéantir ainsi toute possibilité de création d'un Etat palestinien indépendant´´. M.Abed Rabbo a, en outre, affirmé que la crise politique en Israël ´´ne doit pas servir de prétexte´´ pour un gel du processus de paix. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, a pour sa part, qualifié de ´´farce´´ la rencontre. Il a accusé dans un communiqué M.Abbas de ´´conférer une légitimité´´ à la colonisation juive en rencontrant le Premier ministre israélien au lendemain de l'annonce des nouveaux projets à Jérusalem. Le porte-parole de M.Olmert, Mark Regev, a affirmé dimanche que les nouvelles constructions ´´ne contredisaient nullement le processus de paix, puisqu'elles étaient prévues dans des quartiers juifs de Jérusalem qui feront partie intégrante d'Israël dans tout accord de paix´´. Dans le cadre d'un accord permanent négocié avec les Palestiniens, Israël espère en effet garder sous son contrôle les grands blocs d'implantations en Cisjordanie et les quartiers juifs de Jérusalem, à la faveur d'échanges territoriaux. Quelques heures après sa rencontre avec M.Abbas, M.Olmert s'envolera pour Washington où il doit être reçu par le président George W.Bush. L'administration Bush, qui tente de remporter avec le processus de paix israélo-palestinien un succès diplomatique nécessaire pour redorer son image ternie au Proche-Orient par la guerre en Irak, a tenté de minimiser l'impact de la crise politique en Israël sur les négociations. ´´Il est certain qu'il y a eu des hauts, des bas et des rebondissements dans ce processus. Nous l'avons constaté depuis la Conférence d'Annapolis´´, a déclaré jeudi un porte-parole du département d'Etat, Tom Casey. ´´Mais je ne crois pas que quoi que ce soit ait modifié l'engagement fondamental des deux parties à aller de l'avant dans ce domaine, ni notre désir de voir cela se produire et d'aider le processus de toutes les façons possibles´´, a-t-il ajouté.