Les prix de l'énergie en Algérie n'ont pas changé, les salaires n'ont pas augmenté et le complexe a été exonéré de certains impôts pendant une dizaine d'années. L'approvisionnement en produits sidérurgiques, les prix pratiqués et le devenir des dizaines de PME ont été hier au centre des débats à l'occasion d'une journée organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Annaba. Cette rencontre, qui a regroupé les opérateurs économiques activant dans le secteur de la transformation des produits sidérurgiques et métallurgiques, et Bernard Bousquet directeur général d'Arcelor-Mittal Annaba, a permis aux uns et aux autres d'exposer leurs problèmes pour essayer de trouver les solutions à même de leur permettre de poursuivre normalement leurs activités. Les représentants d'une vingtaine d'entreprises ont été unanimes à reprocher à leur partenaire le non-respect des délais de livraison ainsi que les augmentations «intempestives» des produits longs et plats fabriqués par le complexe sidérurgique d'El Hadjar. Ainsi, le représentant de Protuil, entreprise spécialisée dans le bobinage, se plaindra du fait que deux de ses usines, celle de Tiaret et d'El Eulma, sont à l'arrêt depuis deux mois, par manque de matière première, laquelle n'a pas encore été livrée malgré le paiement effectué à l'avance. Un autre évoquera les prix du rond à béton jugés prohibitifs parce qu'ayant plus que doublé passant en l'espace de quelques mois de 4000DA la tonne à 9000DA. Il dira que cette situation de quasi-monopole du complexe pénalise fortement les entreprises de construction tenues par des délais de réalisation ainsi que par des prix fixés à l'avance et que les acquéreurs de logements ont acceptés. Les coûts s'en trouvent donc majorés et l'on ne peut demander aux futurs propriétaires de verser la différence. Anticipant sur la réponse du directeur général d'Arcelor-Mittal, il précisera que les prix de l'énergie en Algérie n'ont pas changé, que les salaires n'ont pas vraiment augmenté et que le complexe a été exonéré de certains impôts pendant une dizaine d'années. «Ceci, poursuit-il, devrait amener le service commercial du complexe à revoir à la baisse les prix pratiqués.» Prenant la parole, le directeur général d'Arcelor-Mittal Annaba commencera par rappeler aux présents que le complexe ne couvre qu' à hauteur de 30% le marché intérieur en produits longs et entre 60 et 70% en produits plats, ce qui ne le place pas en situation de monopole, tout en reconnaissant que celui-ci est très important dans le paysage économique de la région. Pour ce qui est des prix pratiqués, il déclarera que ce sont les prix pratiqués sur le marché international et qu'Arcelor-Mittal évolue au niveau mondial, les prix du charbon ont été multipliés par 3, ceux du fret par 2 et que les résultats financiers n'ont pas bougé, au contraire ils ont été réduits. Toutefois, au niveau du groupe, le service commercial tient des réunions hebdomadaires de suivi pour évaluer la situation. «Je ne pense pas personnellement qu'il y ait une baisse des prix», dit-il. Pour ce qui est de l'approvisionnement, il reconnaîtra qu'effectivement, il y a des problèmes dus essentiellement à l'accident survenu le 2 janvier passé à l'intérieur de l'usine. Un convertisseur sur trois fonctionne, ce qui limite la production, et donc l'approvisionnement s'en est ressenti, mais le problème a été réglé; aujourd'hui, un deuxième convertisseur sera mis en service. Le volume de la production augmentera durant le deuxième semestre et les livraisons se feront normalement. Il annoncera à l'assistance que 25 millions de dollars seront investis pour remettre à neuf le convertisseur, qui désormais fonctionnera dans de meilleures conditions durant les 10 à 15 ans à venir. Les problèmes de la facturation et d'enlèvement, qui curieusement se font à Skikda et qui avaient été soulevés par un autre opérateur seront, selon le directeur général, réglés, les clients du complexe étant pour la plupart à Annaba. Pour la question de l'environnement, il rapportera que «37 millions de dollars seront investis pour le traitement des poussières et des rejets liquides; une étude globale a été faite, et qu'il s'agit là d'un programme de longue haleine».