La fiscalité «sélective» reste un obstacle pour l'épanouissement économique en Algérie. La baisse de la pression fiscale va se poursuivre durant l'année 2008. C'est ce qui ressort des déclarations faites par le grand argentier du pays, M.Mourad Medelci, la semaine dernière, devant un parterre de chefs d'entreprise. Une politique de défiscalisation qui sonne comme une nécessité absolue pour sortir l'économie algérienne de sa léthargie actuelle. Mais cette orientation, saluée à juste titre d'ailleurs par les gros investisseurs, ne profite pas à tout le monde. La baisse de la pression fiscale en Algérie, répond au souci de booster la relance dans ce domaine. Le gouvernement veut aller vite dans l'application du programme des réformes. C'est l'explication à donner à cette volonté affichée de s'attaquer de manière graduelle au dossier lourd de la fiscalité longtemps resté figée. Après avoir apporté une première touche à l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) qui a connu une réduction de cinq pour cent et le remplacement d´impôts et taxes auxquels sont soumis les contribuables au forfait par l´institution «d´un impôt forfaitaire unique», la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) a connu une autre touche puisque les opérateurs économiques sont invités à se regrouper dans un collectif de Société par actions (SPA) pour constituer un capital supérieur à un million de dinars et pouvoir bénéficier, ainsi, de la réduction d'impôts sur la TAP. Mais ce geste fait en direction des grands investisseurs a fait des mécontents chez les petits opérateurs qui ne comprennent pas cette démarche sélective. Ce qui amènera, inéluctablement, certains d'entre eux à changer les statuts de leur société, ce qui représente une contrainte de plus pour ces derniers qui ne peuvent supporter des charges supplémentaires pour la gestion d'une SPA. La complexité de la fiscalité en Algérie et sa lourdeur bloquent toute dynamique de relance économique. La mutation qu'a connue le pays n'a pas su adapter le cadre juridique de la fiscalité à l'avantage du commerce libre. L'ordonnance (n°06-08 du 15 juillet 2006) a, pourtant, apporté des modifications en matière d'avantages fiscaux et parafiscaux au profit des investisseurs, notamment en exonérant totalement des droits de douane, les biens et services, et en accordant régulièrement aux projets d'investissement qui entrent en exploitation, une exonération sur trois ans de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) et de la taxe sur le chiffre d'affaires, taxe sur l'activité professionnelle (TAP). Elle accorde, également, pour les projets lancés dans des zones à développer, une exonération sur 10 ans de l'impôt sur les bénéfices des sociétés et de la taxe sur le chiffre d'affaires. «Nous poursuivrons la baisse de la pression fiscale sur les entreprises de manière à encourager la création de richesses et d'emplois», a déclaré Mourad Medelci en direction des hommes d'affaires réunis à l'occasion du débat organisé par le Club Excellence Management et le Forum des chefs d'entreprise. Ces derniers n'ont pas raté l'occasion pour mettre en exergue le mode sélectif et inégal qui caractérise l'application de la taxe sur certains produits dont le prix reste administré. Ce qui touche directement au pouvoir d'achat des citoyens déjà mis à mal par la grille de salaires encore fragile et inadaptée à la réalité sociale algérienne.