Au sein même de l'Union européenne, des réticences sont émises vis-à-vis de l'Union pour la Méditerranée. La bataille fait rage entre les «pour» et les «contre». C'est à un véritable jeu de coulisses que se livrent les défenseurs et les opposants au projet de l'Union pour la Méditerranée. Chacun y va de ses arguments pour défendre ses convictions. Hier Alger a été le théâtre d'une bataille diplomatique. D'un coté l'ambassadeur du Portugal en Algérie, Luis de Almeida Sampaio, de l'autre l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie Johannes Westerhoff. Le premier soutient le projet de Nicolas Sarkozy. Le second émet des réserves. Au moment où le diplomate portugais souligne que le projet de l'Union pour la Méditerranée est «une initiative importante», son vis-à-vis allemand soutient que «la position de l'Algérie qui préfère d'abord s'informer sur son contenu avant de se prononcer est tout à fait juste». Intervenant hier au forum d'El-Moudjahid, Luis de Almeida Sampaio a affirmé que «le Portugal va participer activement à la concrétisation de ce projet» tout en insistant sur la nécessité d'y impliquer l'ensemble des pays européens et ceux de la rive Sud de la Méditerranée. Tandis que lors d'un point de presse animé à la chancellerie allemande, Johannes Westerhoff souligne que son pays fait dans le wait and see. «Les concertations entre les responsables algériens et allemands sur la question du projet de l'Union pour la Méditerranée, ont dégagé une grande convergence» a indiqué M.Westerhoff. Le diplomate allemand a tenu, néanmoins, à préciser que son pays «n'est pas opposé» au projet à contrario du Portugal qui affiche son adhésion. En outre, tout en reconnaissant l'importance de ce projet «pour l'Europe et pour les pays de la rive Sud de la Méditerranée», le diplomate allemand souligne que l'un des points qui doivent être précisés est de savoir si l'initiative «va concerner une partie ou toute l'Europe». Dans une tentative à peine voilée de rallier l'Algérie à la position allemande, Johannes Westerhoff a soutenu que «sans l'Algérie, le projet d'Union pour la Méditerranée n'a pas de grandes chances de réussite», ajoutant qu'«il faudrait donner de la substance à ce projet». Sur ce point, l'Algérie a toujours dénoncé le manque de visibilité dans le projet de Nicolas Sarkozy. Trop de zones d'ombre. En outre, la création de l'Union pour la Méditérranée, en plus du Processus de Barcelone, est une démarche qui n'a pas été comprise par tous les partenaires de la France, le Processus de Barcelone n'étant pas un échec patent. Souvent présentée comme une remise en cause cachée du processus de Barcelone, l'Union pour la Méditerranée est souvent vue comme un projet trop français, cherchant avant tout à servir les intérêts de la France dans le monde arabe. Si le président français a tenu à rassurer ses partenaires sur ces inquiétudes, la méfiance demeure pour certains pays des deux rives. L'Allemagne considère l'initiative française de tentative de diviser l'Union européenne. Ainsi, au sein même de l'Union européenne, des réticences, peut-être dues à une mauvaise communication du projet, sont émises. Ce qui pourrait rendre le projet de l'UPM irréalisable.