L'absence de mécanismes de régulation, de moyens de collecte et le déficit dans la chaîne du froid sont autant d'entraves à l'exportation. Pourquoi les produits agricoles sont-ils mal distribués? Ces mêmes produits peuvent-ils être compétitifs sur le marché international? Ce sont là les questions soulevées lors de la rencontre qui a regroupé les opérateurs des secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire qui s'est déroulée hier, à l'hôtel El Aurassi à Alger. Dans son intervention à l'ouverture des travaux, le président du Forum des chefs d'entreprise, M.Réda Hamiani, a présenté une analyse détaillée sur cette question. Pour cet entrepreneur, notre industrie agroalimentaire s'est retrouvée intégrée de façon passive au marché international. Il a cité, dans ce sens, l'exemple du concentré de tomate qu'on importe de plus en plus, alors que les capacités nationales sont mises à l'arrêt. Le même problème se pose pour la production de lait cru qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008 et ne trouve de réseau de collecte organisé que pour 650.000 litres. Le patron du FCE a affirmé que «le choix de production et de consommation de produits alimentaires a favorisé malgré lui un modèle de consommation aujourd'hui totalement connecté au marché international». Afin de reconstruire un secteur agroalimentaire compétitif et moderne, Hamiani pense que cela passe par le renouvellement de la relation qui doit lier les agriculteurs aux industriels. L'implication des deux intervenants va permettre, selon lui, même de booster les exportations hors hydrocarbures. Parlant toujours des difficultés, le président du Forum n'a pas omis de soulever le problème du foncier comme un handicap à l'investissement. «Il apparaît impossible d'éluder la question clé qui est au coeur de toute la problématique de notre agriculture, à savoir le foncier», a-t-il affirmé. M.Hamiani souhaite que les lois d'orientation agricole et foncière qui, semble-t-il, sont finalisées, apportent les solutions espérées. Cette analyse a été partagée par plusieurs experts. Un responsable du ministère de l'Agriculture a reconnu que l'absence de système de régulation est à l'origine du dysfonctionnement de la commercialisation des produits. De son côté, le directeur de l'Algex, M.Benini, a reconnu que l'absence d'une chaîne de conditionnement est à l'origine de la faiblesse des exportations hors hydrocarbures. «Ce n'est pas la production qui pose problème, mais plutôt le conditionnement», a-t-il assuré. Et de renchérir: «La promotion des exportations des produits agricoles va encourager les agriculteurs à produire davantage.» Le manque de légumes et fruits sur le marché n'est pas dû uniquement à la production, mais à la distribution également. Selon le patron de l'Algex, les légumes et les fruits sont trop demandés sur le marché européen. Les quantités exportées ne dépassent pas la valeur de millions de dollars. M.Benini a fait savoir qu'un projet de réorganisation de la chaîne de conditionnement est en cours de réalisation avec un consortium franco-belge. Une fois achevé, ce projet va donner un essor aux exportations hors hydrocarbures. Enfin, la rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprise en collaboration avec la Chambre nationale de l'Agriculture, avait pour objet d'ouvrir un espace de dialogue entre les acteurs des deux secteurs.