InfoSoir : Pourquoi les prix des fruits et légumes ne baissent-ils pas ? Mokrane Nouad : En se référant aux règles de l'offre et de la demande, c'est le contraire qui devrait se produire. Mais connaissant l'organisation de nos circuits de distribution, la situation n'a rien d'étonnant. Les marges bénéficiaires sont réparties de telle façon que celui qui produit toute l'année gagne moins que celui qui commercialise le jour même les produits agricoles. Cette marge va parfois du simple au double. Peut-on conclure à une inefficacité de la stratégie mise en place par les pouvoirs publics ? La mise en place, depuis une année, par les pouvoirs publics d'un mécanisme de régulation, à travers le Syrpalac, constitue une avancée dans l'organisation des marchés de certains produits agricoles (pomme de terre, ail, oignon, viande blanche, œuf de consommation). Mais ce mécanisme reste à conforter. Par ailleurs, la création récente d'un Office interprofessionnel des fruits et légumes et des viandes vient à point nommé pour asseoir une base solide pour le développement des systèmes de régulation des marchés des produits agricoles. Cela a pour objectif la stabilisation des prix des produits agricoles par la fixation des prix d'orientation et la régulation du marché par le stockage ou le déstockage des produits agricoles. Le maillon qui fait défaut, c'est la faiblesse de nos marchés de gros ou de grande distribution. Sans leur maîtrise et leur développement, tous les efforts faits en matière de production risquent d'être anéantis. C'est le cas actuellement avec des productions record en produits agricoles. Que faut-il donc faire pour mieux organiser le marché ? Chacun est responsable de son segment : pour ce qui est du segment de la production, une stratégie sectorielle existe et les résultats sont palpables avec des résultats record. Pour ce qui est du segment commercialisation et distribution, c'est le point noir. L'efficience du marché tout le long de la chaîne n'a plus de sens. Ce qu'il faut pour mieux organiser le marché, c'est d'abord l'éradication du marché informel puis le développement des marchés de proximité et des grandes surfaces. Les légumes secs ne sont pas épargnés par cette tendance haussière… Les lentilles, les haricots, le riz… sont des produits à majorité importés. Donc la fièvre de la spéculation est toujours présente en cherchant à indexer les prix de ces produits sur ceux des produits frais. Néanmoins, cela nous interpelle pour réduire le volume d'importation de ces légumes que l'on peut produire chez nous. Et pour les viandes ? Le prix de la viande est certes élevé, mais il faudra le mettre dans son contexte conjoncturel, à savoir une bonne pluviométrie qui sécurise les éleveurs jusqu'à, pour certaines régions steppiques, deux années. Les pluies qui ont suivi le ramadan ont régénéré les terrains de parcours ce qui, en soi, est une aubaine pour les éleveurs qui préfèrent garder leurs troupeaux pour l'engraisser en perspective de l'Aïd El-Adha, espérant gagner plus. Vous voyez que ce n'est que de la pure spéculation. *Docteur en développement des filières et vice-président de la Fondation filaha innove Seule la relance de l'économie… n Tout le monde est d'accord sur la nécessité d'une augmentation du Snmg en Algérie. La raison est simple : la réalité des prix qui flambent sans limite. Malgré plusieurs mesures prises par l'Etat afin de remettre sur les rails l'économie algérienne, il reste, tout de même, beaucoup à faire pour élever le niveau de la production agricole. Les entreprises algériennes, d'une manière générale, doivent être également mises à niveau, et ce, afin de contribuer efficacement à l'essor économique du pays. Toutefois, tant que le marché national demeure dépendant des aléas du marché mondial, les prix à la consommation auront du mal à connaître une stabilité et, sans doute, le taux d'inflation en Algérie grimpera d'année en année. Les chiffres avancés par l'Office national des statistiques (ONS) font état de 3,5% de taux d'inflation en 2007, de 4,9% au 1er semestre 2008 et de 6,1% au premier trimestre 2009. Cela s'explique essentiellement par l'augmentation des prix des produits alimentaires et des produits agricoles frais.