«Il faut que le peuple sache que les députés ont transgressé la Constitution», a précisé la porte-parole du PT. Par la généralisation du système des concessions, cette loi institutionnalise la liquidation des biens de l'Etat, qui constituent les bases de l'unité de la nation. Il suffit de la lire pour pouvoir mesurer le danger que représente cette loi vis-à-vis de l'unité nationale. Pourtant, elle a été approuvée par ceux qui sont censés défendre l'intérêt du peuple. «La majorité des députés a exproprié le peuple algérien», a déclaré hier Louisa Hanoune dans son sévère réquisitoire lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti, après l'ouverture des travaux de son comité central. Révoltée, Mme Hanoune va plus loin au point de considérer cette loi comme «une déclaration de guerre», «une insulte à notre pays», «un démantèlement de l'Etat et de la propriété collective», mais aussi «une loi anticonstitutionnelle». Pis encore, la porte-parole du PT a estimé que c'est «un séisme violent, voire un tsunami dévastateur qui se prépare». Devant le danger que représente cette loi qui introduit les conditions pour le démembrement du Domaine national, l'oratrice demande au Premier magistrat du pays de se prononcer si, au titre de son programme, est permise la destruction de l'Etat algérien et de son unité. «Le Président ne l'accepte pas, évidemment, mais il faut qu'il se prononce et dise, en un seul mot, à ceux qui ont approuvé cette loi destructrice qu'ils ont lavé leur linge sale en public», poursuit Mme Hanoune avec beaucoup de regret. Et d'ajouter: «Il faut aussi que le peuple sache que les députés ont transgressé la Constitution.» Sur sa lancée, la conférencière a clamé, haut et fort, que la loi domaniale amendée est plus dangereuse que celle de la «dénationalisation des hydrocarbures» en 2005, présentée par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. «Si cette loi domaniale était appliquée, elle provoquerait l'irrémédiable», a-t-elle entonné avant de s'interroger si le gouvernement examine tous les projets parvenant à l'APN. Où va l'Algérie? résume Mme Hanoune. Cette question posée dans son livre, il y a plus d'une décennie par le défunt Mohamed Boudiaf, est encore sur les lèvres de tout un chacun. On la répète tel un leitmotiv. Marasme social, insécurité, manipulations politiciennes internes et externes ayant déclenché des affrontements à travers tout le pays, dépendance quasi totale vis-à-vis de l'étranger... font craindre le pire même si celui-ci semble parfois déjà atteint. S'agissant du projet de l'Union pour la Méditerranée (UPM), Mme Hanoune souligne que les choses sont claires. «On n'a pas de quoi être fiers. Il ne faut surtout pas que se reproduise l'échec du Processus de Barcelone», prévient-elle. Tout en admettant que l'UPM est un véritable danger pour l'Algérie, la conférencière a précisé que «ça ne plaît qu'aux hommes d'affaires qui peuvent en tirer profit, mais pas à nous».