“Si l'on procède à un amendement de la Constitution, pourquoi se limiter à une prolongation de deux ans ?” se demande-t-il, en soulignant que “le président Bouteflika n'est pas en train de réclamer un mandat à vie”. Le Chef du gouvernement n'en démord pas. Son parti aussi, bien entendu. Et qu'importe la vacuité de l'argumentaire ! Le FLN veut une révision de la Constitution pour permettre au président Bouteflika de briguer un troisième mandat, et Abdelaziz Belkhadem se dit convaincu de voir se réaliser ce projet, destiné, selon lui, à “approfondir la pratique démocratique”. “Au FLN, nous avons été les premiers à demander une telle réforme, et nous continuons de la souhaiter. De mon point de vue, cette révision aura lieu, c'est une question de temps”, assure le Chef du gouvernement dans un entretien accordé au quotidien français le Monde. “Nous préconisons un régime présidentiel fort, ainsi qu'un approfondissement de la pratique démocratique”, argumente-t-il, comme si la loi fondamentale en vigueur ne dotait pas le chef de l'Etat de suffisamment de pouvoirs. Aux yeux de M. Belkhadem, la limitation des mandats que même le quasi-tsar Poutine n'a pas supprimés en Russie est un “verrou antidémocratique”. “C'est au peuple de décider s'il veut redonner sa confiance au Président pour un troisième mandat. Nous sommes favorables à une élection présidentielle sans exclusion. À l'heure actuelle, c'est le Président qui souffre d'exclusion en raison de cette limitation à deux mandats”, se lamente Belkhadem qui plaide en faveur d'une révision par la voie parlementaire. “Un troisième mandat n'altérant pas l'équilibre des pouvoirs en Algérie, la voie parlementaire pourrait suffire”, se justifie-t-il. En revanche, M. Belkhadem est contre une révision qui prolongerait de deux ans le quinquennat en cours, une hypothèse évoquée dans quelques cénacles. “Au FLN, nous ne sommes pas favorables à cette manière de faire. Soit on permet un mandat plein et entier, soit on ne le permet pas. Si l'on procède à un amendement de la Constitution, pourquoi se limiter à une prolongation de deux ans ?” se demande-t-il, en soulignant que “le président Bouteflika n'est pas en train de réclamer un mandat à vie”. Est-ce vraiment M. Bouteflika qui réclame cette révision ardemment souhaitée par le FLN ? Dans ce cas, a-t-il vraiment besoin de l'assistance du parti puisque la Constitution lui confère ce pouvoir ? Autre sujet abordé dans son entretien avec le Monde : la présence de M. Bouteflika le 13 juillet à Paris pour le sommet de l'union pour la Méditerranée. M. Belkhadem maintient le suspense et refuse de s'avancer. “Il n'est pas exclu que le président Bouteflika vienne à Paris”, car “il nous a toujours habitués à être là quand l'Algérie doit être représentée à son plus haut niveau”. Malgré les griefs de l'Algérie contre le projet si cher au président français. Sur ces réticences, M. Belkhadem se montre plutôt bavard. “L'Algérie est favorable à toute initiative qui rapprocherait les deux rives de la Méditerranée. Mais celle qui nous a été exposée en 2007 par le président Sarkozy n'est plus celle qui nous est présentée aujourd'hui”, explique M. Belkhadem. “Initialement, il s'agissait des seuls pays de la Méditerranée. L'objectif était de construire une union du même type que l'Union européenne, avec des projets à géométrie variable. Aujourd'hui, c'est une union pour la Méditerranée, et non une union méditerranéenne, et son contenu reste flou. Cette union regroupe 44 pays et s'intègre fidèlement dans le processus de Barcelone, qui nous a déçus. Sur les trois volets – politique, économique et humain –, il n'y a guère eu d'avancées. Sur le plan humain, les choses se sont même dégradées, à la suite des mesures prises par les Etats de l'Union européenne, après le 11 septembre 2001. Et la France se limite à mettre en relief l'amélioration des conditions matérielles de délivrance des visas, sans préconiser des mesures tangibles pour mettre fin aux restrictions et discriminations auxquelles sont soumis les ressortissants algériens”, énumère-t-il. Enfin, ajoute-il, “si l'Algérie est favorable à une union de projets à géométrie variable, il ne faut pas que ces projets soient une couverture pour une normalisation rampante avec Israël”. Y. K.