Ce bilan marque une hausse sensible du nombre de décès de 13,5% par rapport à la même période de l'année dernière. C'est un tableau noir qu'ont dressé les spécialistes intervenant lors de la rencontre organisée hier par l'Association nationale de soutien aux personnes handicapées El Baraka au Palais de la culture, portant sur la prévention routière et accidents de la circulation. En effet, s'appuyant sur les récentes statistiques, les intervenants ont tous été d'accord pour estimer que la situation était des plus alarmantes et qu'il fallait faire plus d'efforts et apporter plus de moyens pour renforcer la sécurité routière. Ces statistiques font état, selon le Centre national de prévention routière (Cnpsr) de plus de 950 morts et 1400 blessés durant le premier trimestre 2008. Ce bilan marque une hausse sensible du nombre de décès de 13.5% par rapport à la même période de l'année dernière. Le nombre d'accidents, n'est pas en reste de cette augmentation vertigineuse puisqu'il enregistre 10% de plus que l'année dernière. Les causes, selon les principaux acteurs de ce secteur sont toujours les mêmes, à savoir le facteur humain qui provoque, selon les dernières statistiques, 90% des accidents. L'homme, conducteur, passager ou piéton est le principale responsable, et pour l'association El Baraka, le thème «Nous sommes tous responsables» reflète bien sa position sur cette question de causalité. En effet, la présidente, Mme Flora Boubergout, victime elle-même d'un accident de la circulation la marquant à vie, n'a pas cessé d'attirer l'attention de l'assistance sur l'importance des campagnes de sensibilisation des citoyens à ce fléau qui les guette à chaque coin de rue. Cependant, d'autres causes ont été pointées du doigt par les spécialistes, notamment l'aménagement des routes et des chaussées. Puisque les infrastructures routières ne suivent pas le développement du transport par route qui représente 90% du transport des personnes et des marchandises. Ce dernier est accidentogène en raison de la qualité «sous-développée» des infrastructures routières, et est souvent la cause directe des accidents, que se soit pour les automobilistes ou les piétons. «Si vous ne me donnez pas la possibilité de marcher sur le trottoir, je suis obligé de marcher sur la chaussée avec tous les dangers que cela comporte, c'est ce genre de situations qui mènent le citoyen au drame», a déclaré, à ce sujet, Mme Boubergout. L'absence de contrôle de l'importation de véhicules et de pièces détachés est un autre problème qui peut induire aux accidents les plus graves. En effet, on a remarqué ces dernières années une profusion de marques de voitures d'origines européenne et asiatique, pas toujours aux normes du marché algérien, et accompagnées de problèmes de disponibilité de pièces détachées et de maintenance. Cette indisponibilité qui se fait ressentir sur le marché a conduit plus d'un à avoir recours aux pièces issues de la contre-façon, dont le danger est incontestable. «On roule sur un paquet de gaufrettes avec quatre roues», a déclaré une personne dans l'assistance. La signalisation, elle aussi fait parfois défaut au point de tuer certains. Ces plaques, parfois mal placées ou absentes particulièrement aux abords des écoles sont à l'origine de véritables drames. C'est donc logique que de voir que la politique astreignante de l'Etat quant à la sécurité routière soit vaine. A ce sujet, le président de l'Automobile club national algérien, Moustapha Hamdani, a déclaré que «l'Etat applique une politique qui ne suffit pas et ce malgré tous ses efforts, (...) Nous avons pensé à relancer les activités de l'automobile club, nous voulons faire en sorte que les automobilistes eux mêmes s'investissent». Selon ce même responsable, l'objectif de cette instance est «d'intervenir dans l'éducation routière dans les écoles, les transports publics, les constructions automobiles et même l'importation des pièces détachées», en espérant que ces mesures puissent éviter la mort aux 11 Algériens tués chaque jour sur les routes.