Le Mondial à lui seul pourra-t-il effacer facilement des décennies d'antagonisme. La décision surprise et inédite d'accorder à la Corée du sud et au Japon l'organisation du Mondial est beaucoup plus d'ordre politique que sportif. Les deux nations abordent différemment le Mondial. Si le Japon met en avant ses capacités d'accueil et ses énormes moyens financiers en contre-partie la Corée du sud a mobilisé toute une population en s'enorgueillant de ses quatre participations à une phase finale, loin devant son coorganisateur. Cette décision avait mis fin en 1996 à une compétition très politique entre ces deux voisins aux rapports passionnels dans le sens où elle devrait être l'occasion pour les deux pays de se réconcilier le temps d'un mondial, avec l'espoir que cela débouche sur une amitié durable. Malheureusement, des divergences sont apparues mettant les deux pays dos à dos. En effet, la récente visite du Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, au sanctuaire shintoïste de Yasukuni, détesté en Asie car considéré comme un symbole militariste, a jeté de l'huile sur le feu de l'antagonisme entre Séoul et Tokyo. En outre, un autre différend est venu envenimé les relations, déjà froides. A moins d'un mois du coup d'envoi, la Corée du sud continue d'insister pour que les chants nationaux soient interprétés par des solistes sur le terrain. Le Japon, pour sa part, s'en tient aux règles de la FIFA selon lesquelles il vaut mieux diffuser des enregistrements pour gagner du temps. Si les deux pays activent à la réussite de ce mondial sur le plan organisationnel, ils risquent de déchanter sur le plan sportif tant beaucoup d'absences sont enregistrées. En effet, plusieurs vedettes du football vont devoir suivre le Mondial à la télévision. Les Orange (Pays-Bas) ont causé la première grande surprise du Mondial en restant au port. Les Néerlandais, demi-finalistes en 1998, sont éliminés sans même disputer les barrages, manquant leur premier rendez-vous mondial depuis 1986. Les trentenaires Van der Saar, Cocu ou Stam tirent ainsi un trait sur leur dernière chance de participer à un dernier Mondial alors que les talents émergents, comme Van Nistelrooy ou Overmars devront attendre Van Gaal faisant, quant à lui, les frais de cet échec. Toujours en Europe, la Yougoslavie (9 participations), l'Ecosse et la République tchèque (8 participations, en tant que Tchécoslovaquie pour la seconde), la Bulgarie, la Suisse, la Roumanie et l'Autriche (7 participations) ou encore la Norvège (3 participations) comptent également parmi les absents. Les éliminatoires sud-américaines ont aussi fourni leur lot de surprises. Le Chili (7 participations) a terminé dernier du groupe unique de qualification (12 défaites en 18 matchs), mettant fin aux rêves du vétéran Ivan Zamorano. La Colombie, victorieuse l'an dernier de sa première Copa America et qui s'était qualifiée pour les trois derniers Mondiaux de suite, a manqué d'un souffle la cinquième place synonyme de barrages, n'étant devancée par l'Uruguay qu'en raison d'une moins bonne différence de buts (+5 contre +6). Côté africain, le Maroc (4 participations), l'Egypte (2) et l'Algérie(2 participations) ne seront pas non plus du voyage. En somme les absents ont devant eux quatre ans pour se racheter.