Le club oranais jouait avec le feu, il a fini par s'y brûler. Grandeur et décadence. Un véritable séisme a frappé le football algérien le lundi 26 mai 2008. Un de ces cataclysmes qui vous ébranlent les édifices et vous démontrent combien ils sont fragiles. Et dans son intensité, il a emporté l'un des monuments de cette discipline qui plus est le doyen de tous les clubs de la division1. Le MC Oran était l'un des 16 clubs qui avaient entamé le premier Championnat national d'Algérie à la fin de l'été de 1964. L'Algérie était indépendante depuis deux ans et celui-ci avait consisté, sur le plan footballistique, en une compétition par région. 1964 avait vu la naissance d'un championnat qui brassait des clubs de toutes les régions et le MCO, avec l'ASMO, l'ES Mostaganem, le MC Saïda et la JSM Tiaret étaient les représentants de l'Ouest du pays. Depuis cette date, bien des clubs sont descendus pour être, aussitôt, remplacés. Un seul a pu tenir jusqu'à nos jours: le Mouloudia d'Oran, le seul à n'avoir jamais connu la relégation en 44 ans de présence en division1. Il cède le relais à la JS Kabylie qui n'avait accédé en D1 qu'en 1969 et qui, depuis cette année-là, s'est toujours maintenue dans ce championnat. Il lui faut, encore, tenir 5 ans pour égaler le record du Mouloudia oranais. Le lundi 26 mai, juste après le match nul obtenu par ce dernier face à l'ASO Chlef, Cheikh Benzerga, un des joueurs symboles de ce club était intervenu sur les ondes de la Radio nationale où il avait déclaré: «Aujourd'hui, le MCO est en D2 mais quoi qu'il advienne, il est et restera un grand club. Il est et restera le porte-drapeau du football de l'Oranie et de tout l'Ouest algérien. Le MCO va se reprendre et retrouver rapidement la D1, j'en suis convaincu. Il prouvera alors que sa place est vraiment dans ce championnat.» Notre espoir est que, justement, le MCO puisse très vite accéder parmi l'élite du football algérien car ce dernier ne pourra pas s'accommoder de l'absence d'un de ses ténors. Et lorsqu'on dit ténor, on ne se trompe pas du tout. Ce MCO qui vient de descendre est celui qui a été sacré quatre fois champion d'Algérie (1971, 1988, 1992, 1993), neuf fois vice-champion d'Algérie et trois fois 3e. Il a remporté 4 Coupes d'Algérie (1975, 1984, 1985, 1996) et en a été deux fois finaliste (1998 et 2002). Finaliste également de la Supercoupe d'Algérie en 1992, vainqueur de la Coupe de la Ligue en 1995, il a remporté la Coupe maghrébine des clubs champions en 1973, a été finaliste de la Coupe maghrébine des clubs vainqueurs de Coupe en 1976, finaliste de la Coupe d'Afrique des clubs champions en 1989, vainqueur de la Coupe arabe des clubs vainqueurs de Coupe en 1997 et en 1998, vainqueur de la Supercoupe arabe en 1999, et enfin il a été finaliste de la Coupe arabe des clubs champions en 2001. Il est avec la JSK, le MCA, l'USM Alger et l'ES Sétif, l'un des clubs les plus titrés du pays. Ce MCO-là va aller faire un tour en division2. C'est là la rançon de plusieurs saisons d'errements. Des saisons durant lesquelles on a trouvé le club oranais en train de lutter plus pour le maintien que pour des places d'honneur dans la compétition nationale. Il y a deux saisons de cela, il s'était mis dans la peau d'un potentiel relégable dès la fin de la phase aller lorsqu'il avait terminé bon dernier sans aucune victoire à son actif. Il avait fallu changer de direction en plein milieu de saison et un changement total de l'effectif des joueurs pour le sauver de la descente. Cet avertissement-là n'a pas été pris en compte par les dirigeants qui ont plus fait du n'importe-quoi que du travail sérieux. Il n'y a qu'à se baser sur la saison qui vient de s'achever pour s'en rendre compte, le club oranais débutant le championnat avec le Portugais Gomes comme entraîneur, lequel avait été limogé pour être remplacé par Medjadj, un Medjadj dont la mission fut de courte durée avant de céder la place à....Gomes dont on s'était aperçu qu'il avait des qualités après l'avoir voué aux gémonies. Et ce Gomes-là, de nouveau, a été remercié au profit de Chérif El Ouazzani dont les qualités n'ont pas été d'un grand secours puisque le club est toujours resté englué dans les profondeurs du classement. Les Oranais doivent savoir que le club de l'ASO n'est en rien la cause de la relégation du Mouloudia. Le club chélifien est, d'ailleurs, à féliciter pour avoir joué le jeu franchement comme il l'avait fait, lors de la journée précédente face à l'OMR, un des trois clubs relégables. Si le MCO est descendu ce ne peut-être que le résultat de toute une saison. Une saison des plus médiocres au cours de laquelle il a gagné 10 matchs, fait 7 fois match nul et perdu 13 fois. Des clubs comme le MCA, la JSMB, le CRB et l'USMB ont gagné moins de matchs que lui, mais ils en ont perdu beaucoup moins. Eux, se sont maintenus alors que lui va connaître la D2. Un verdict attendu. Un verdict somme toute logique pour un club qui faisait de la corde raide depuis quelques saisons déjà et qui va devoir se reconstruire. Il devra, pour cela, s'inspirer de l'exemple du MCA qui était descendu en 2001 et qui avait réussi une saison plus tard à monter une équipe compétitive et à reconquérir son public.