La rupture ne semble pas irréversible au Zimbabwe où le leader de l'oppposition, Morgan Tsvangirai, qu i se serait réfugié dans l'ambassade des pays-Bas à Hararé, s'est déclaré, hier, prêt à négocier avec le régime si les violences politiques s'arrêtaient dans le pays dans le pays, dans un entretien à une radio sud-africaine au lendemain de son retrait de la course à la présidence. M. Morgan Tsvangirai, a en outre appelé le président sud-africain, Thabo M'beki, à inclure d'autres leaders régionaux dans ses efforts de médiation au Zimbabwe. Cela serait la réponse de M. Tsvangirai à l'appel du gouvernement lui demandant de revenir sur sa décision. « Ce serait regrettable que Tsvangirai décide effectivement de se retirer de cette élection. Je l'appelle, lui et son parti, à réfléchir à deux fois et à prendre part à ce processus démocratique », a déclaré le ministre adjoint zimbabwéen de l'Information, Bright Matonga. M. Tsvangirai a annoncé dimanche que, face à une « orgie de violence », il renonçait à affronter le chef de l'Etat Robert Mugabe au second tour de la présidentielle qui était prévu vendredi. Dans le même temps, le gouvernement zimbabwéen a accusé les Etats-Unis d'alimenter financièrement les violences et l'ambassadeur américain au Zimbabwe d'être un « porte-parole » de l'opposant Morgan Tsvangirai qui a renoncé à la course à la présidence. « Les Etats-Unis mettent des millions de dollars pour alimenter la violence (au Zimbabwe) et une partie de cet argent va servir à payer le transport et l'entraînement paramilitaire de millions de Zimbabwéens à l'extérieur du pays », a déclaré le ministre de l'Information, Sikhanyiso Ndlovu, cité par The Herald. L'ambassadeur américain au Zimbabwe, James McGee, « a complètement échoué en tant que diplomate et est devenu un porte-parole du MDC », Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai, a ajouté le ministre. « Nous appelons M. McGee à cesser l'activité clandestine et liée à la CIA qu'il mène (au Zimbabwe) par le biais des organisations non-gouvernementales », a-t-il poursuivi. The Herald rappelle aussi que « le mois dernier, le président (zimbabwéen Robert) Mugabe a prévenu M. McGee qu'il risquait d'être expulsé s'il continuait de se mêler des affaires du pays ». Face à la répression, Morgan Tsvangirai a renoncé, dimanche, à affronter le chef de l'Etat sortant, Mugabe, au second tour de la présidentielle prévu vendredi. La Maison-Blanche a immédiatement appelé le gouvernement zimbabwéen « et ses voyous à arrêter la violence maintenant », en défendant le principe d'élections « légitimes ». Les Etats-Unis ont également annoncé qu'ils allaient soulever la situation du Zimbabwe devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Fin mai, le gouvernement zimbabwéen avait accusé l'ambassadeur américain d'avoir transporté des opposants victimes de violences politiques dans des hôpitaux et d'avoir payé leurs soins médicaux. Début juin, des diplomates américains et britanniques avaient été retenus plusieurs heures par la police à un barrage routier au Zimbabwe. Les Etats-Unis et des organisations internationales, dont les Nations unies, ont imputé la plupart des attaques qui ont marqué l'entre-deux tours aux partisans du parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). Mais le gouvernement d'Harare estime que cette vision est erronée. Le président Mugabe a jusqu'à présent ignoré les pressions occidentales. Hier encore, le président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, se disait « gravement inquiet » du retrait de Morgan Tsvangirai, de la course à la présidence et a appelé à l'« arrêt immédiat » des violences. Dimanche, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé que le retrait de M. Tsvangirai, était un « mauvais présage » pour l'avenir du Zimbabwe. L'UA s'est impliquée diplomatiquement dans la crise zimbabwéenne et a prévu d'envoyer une forte équipe d'observateurs pour le second tour. La crise zimbabwéenne devrait être au cœur des préoccupations des 53 chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'UA, qui doivent se réunir en sommet les 30 juin et 1er juillet à Charm El Cheikh (Egypte).