Tizi Gheniff a soif, une soif désormais recurrente car, comme chaque été, la ville et sa région subissent le supplice de l'eau. Outre le centre et le chef-lieu de commune, les villages de Oulad Azzi, Oulad Messaoud, Tala Yala, Oulad Itchir et Oulad Meriem vivent ce calvaire chaque été. Les robinets sont à sec alors que les sources des villages arrivent difficilement à satisfaire tout le monde. Un villageois des Oulad Azzi conte le calvaire des gens: «Il faut se lever le matin de très bonne heure et essayer de faire la chaîne à la source de Bouterfa, et là, attendre patiemment son tour car la source a un très faible débit. Il n'est pas rare que des éclats de voix se font entendre au niveau de cette source.» Sans doute les mêmes attentes et les mêmes scènes se font remarquer au niveau des autres sources: celle de Lainser à Tala Yala et enfin celle de El Hammam située sur le territoire de la commune d'Aït Yahia Moussa et éloignée d'environ deux kilomètres. Tizi Gheniff est alimentée en principe par la chaîne du Sidi Ali Bounab. Cette chaîne alimente depuis une quinzaine de jours, et à tour de rôle les villages et les villes dépendant. Depuis une quinzaine de jours cette chaîne a commencé par donner de l'eau aux villages, mais il semble que le tour de Tizi Gheniff soit encore loin. Aussi, les villageois et les habitants de cette commune se rabattent sur des moyens de fortune. Les uns achètent des citernes d'eau renommée potable mais personne n'est en mesure de savoir d'où elle a été puisée et pourquoi est-elle aussi assez chère pour les petites bourses; une citerne étant cédée à 1200 DA, les plus nantis et donc ayant un véhicule s'alimentent ailleurs, la corvée des jerricans est quotidienne et les autres, tous les autres, vont faire la chaîne aux sources des villages. Ce qui n'est guère une sinécure. Tizi Gheniff et ses villages ont soif et les habitants disent ne pas réellement espérer des lendemains meilleurs. Un habitant du centre dira: «Prendre une douche est difficile à Tizi Gheniff. Passe encore pour ceux qui peuvent aller dans la ville voisine de Draâ El Mizan, mais les femmes, les bébés, et les vieillards? On a besoin d'eau ce n'est pas excessif comme exigence.» En attendant, les habitants se creusent quotidiennement la tête pour essayer de trouver le moyen de ramener un peu d'eau.