La Centrale syndicale considère que cette directive «porte préjudice aux fondements de la liberté de circulation, aux droits démocratiques et aux valeurs humaines». Au fil du temps, l'Europe confirme son statut de forteresse cadenassée. L'épineux dossier des étrangers en situation irrégulière continue à défrayer la chronique. A ce sujet, L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), a exprimé, vendredi, pour la première fois, sa forte préoccupation. Une préoccupation liée à la nature de la directive des pays de l'UE qui facilite le renvoi de l'espace européen, de plusieurs milliers d'individus voulant échapper à la situation socioéconomique régnant dans leurs pays d'origine. La France, à titre d'exemple, réputée de donner des leçons de démocratie au monde entier perd de son aura démocratique. Après l'intronisation de Nicolas Sarkozy à la tête du gouvernement français, l'Hexagone n'est plus la référence, le repère, en matière de respect des droits de l'homme. Elle est devenue le fer de lance de la politique antiétrangers du Vieux Continent dont le projet de directive durcit un peu plus la loi Hortefeux visant à encadrer l'immigration. Les décisions prises par le locataire de l'Elysée ainsi que d'autres Premiers ministres européens, à leur tête Silvio Berlusconi qui fait un retour fracassant sur la scène politique, n'ont pas étaient sans écho. Des associations, des ONG et autant d'autres organismes ont dénoncé à cor et à cri ce comportement qualifié d'«inhumain» et d'«arbitraire.» A ce propos, l'Ugta a qualifié la directive européenne, adoptée par le Parlement européen le 18 juin dernier, de «répressive.» La Centrale syndicale s'associe ainsi avec la déclaration de la Confédération européenne des syndicats (CES). Cette dernière dénonce, de son côté, «l'atteinte aux droits fondamentaux des migrants». Plus loin encore, l'Ugta considère que cette directive «porte préjudice aux fondements de la liberté de circulation, aux droits démocratiques et aux valeurs humaines». Et de demander ainsi à toutes les Organisations syndicales nationales, régionales et internationales de «s'associer» à la déclaration de la CES, rendue publique le 18 juin dernier, juste après l'adoption de la directive «retour.» Cette directive, qui prolonge jusqu'à 18 mois la durée de rétention des sans-papiers avant leur expulsion, a été votée, faut-il le rappeler, par 367 eurodéputés, 206 se sont prononcés contre alors que 109 autres se sont abstenus. La norme communautaire, qui a reçu le feu vert des gouvernements des 27 pays de l'Union européenne entrera en vigueur, deux ans après sa publication officielle. La rétention et l'expulsion des mineurs, même non accompagnés, n'est pas non plus interdite, un élément qui a alimenté la polémique. Il s'agit d'un autre point qui démontre «la dérive humaine» des Européens. Pour Amnesty International, le vote donne «un très mauvais exemple à d'autres régions dans le monde.» L'organisation de défense des droits de l'homme a appelé les Etats membres où les conditions sont plus favorables aux sans-papiers à ne pas utiliser la directive «comme un prétexte pour rabaisser les normes.» L'Association médecins du monde se bat contre le renvoi d'étrangers gravement malades. Ces expulsions vont à l'encontre de la loi de 1997 protégeant les étrangers gravement malades de l'expulsion et de la loi de 1998 prévoyant leur régularisation. Malheureusement, les médecins inspecteurs de santé publique sont «invités» à violer le secret médical. Car, ils doivent désormais détailler au préfet, les traitements à dispenser aux malades étrangers, conditionnant leur renvoi.