Un millier d'organisations dénoncent cette directive de «la honte». L'épineux dossier des étrangers en situation «irrégulière» est devenu désormais la pomme de discorde de toute l'Europe. Dans ce sens, plusieurs associations européennes ont lancé un appel à l'adresse des militants et citoyens pour protester aujourd'hui contre «la rétention» des étrangers «sans papiers». Et pour cause, les Etats membres de l'Union européenne élaborent une directive relative aux normes et procédures communes applicables dans l'UE contre des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier. La proposition, en cours de discussion, prévoit la possibilité d'enfermer et d'éloigner même des mineurs étrangers. C'est pour cette raison que les organisations, notamment la «Coordination européenne pour le droit de vivre en famille», se sont frontalement opposées. Pour dénoncer cette dernière directive, plusieurs manifestations sont prévues aujourd'hui à travers la France, dont un rassemblement devant la cité de l'Emigration à Paris. Cette directive devrait être adoptée, précise-t-on, au cours de ce premier semestre. Outre la rétention qui pourra être étendue jusqu'à 18 mois, la directive prévoit également une interdiction du territoire européen pour 5 ans au maximum pour toutes les personnes «exclues». Pour rappel, 13 organisations ont déjà interpellé, en novembre dernier, les parlementaires européens en rejetant cette directive qualifiée de «la honte». Cette directive est également rejetée par plus 1000 organisations dont plus de 300 «politiques». Ces dernières ont collecté quelque 25.000 signatures dans une pétition mise on line. «L'Europe se transforme en une forteresse cadenassée et met en oeuvre des moyens démesurés pour empêcher l'accès à son territoire et expulser les sans-papiers», dénonce le texte, promu par plusieurs associations dont des ONG françaises. En France, comme ailleurs, la réaction des ONG impliquées dans la défense des droits des migrants ne s'est pas fait attendre. Elle est même vigoureuse. Le Premier ministre français, François Fillon, a fixé à 25.000 le nombre de personnes à expulser dans le courant de l'année. Quant au ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, lui s'est défendu, dans les colonnes du quotidien français Le Parisien, de pratiquer une «politique du chiffre». Cette politique a été dénoncée par les associations de défense des «sans-papiers» et des droits de l'homme. Elle est également réprouvée par certains syndicats dont celui de la police (SGP) qui «déplore la pression exercée sur ses troupes». Des arguments qui ne sont pas pour convaincre le président français, Nicolas Sarkozy, qui a réaffirmé, lors de sa dernière conférence de presse, «le bien-fondé de sa politique de contrôle de l'immigration et d'expulsion des personnes en situation irrégulière». Mieux, le patron de l'Elysée a émis le voeu de «créer une juridiction spécialisée dans le droit des étrangers».