Trop de marasme accompagnera la présente campagne. La campagne pour les législatives du 30 mai s'ouvre demain, mais le doute demeure chez beaucoup de gens sur son déroulement. Pis, la peur qui est pourtant une fidèle compagne de l'Algérien risque fort de s'amplifier à l'approche de la fin mai. Pourquoi la peur et le doute se mettraient-ils tout d'un coup à envahir les esprits? La réponse est claire. Les gens ont peur parce que le calme et la paix, si souvent promis aux Algériens depuis dix ans, ne sont pas au rendez-vous. Il est par conséquent tout à fait normal qu'ils doutent que les élections puissent se dérouler dans le calme et la sérénité. Qu'est devenue l'assurance affichée par le pouvoir à propos de la protection des urnes et la transparence du scrutin? Battue en brèche par le cheikh Nahnah qui, de sa propre initiative, a mis sur pied il y a deux jours un Front civil pour la protection des élections. Le MSP, pour qui l'ignorerait encore, fait partie de la coalition gouvernementale et manifestement il ne cache pas ses doutes à propos des gages donnés légalement par le Président de la République. Trop de marasme accompagnera la présente campagne. Mais pas seulement pour ce qui vient d'être dit, car selon des sources généralement bien informées, la polémique qui s'annonce entre boycottants et votants, risque fort de prendre des tournures de pugilat par endroit. Et ce n'est pas tout dans la mesure où la nébuleuse intégriste qui, elle aussi, se prépare à empêcher les gens d'aller voter serait prête à semer la terreur partout en Algérie. Donc des morts en perspective, il y en aura selon notre source et pas seulement dans les campagnes. L'Algérie a-t-elle besoin que la liste de ses morts s'allonge pour un scrutin qu'une partie de la population n'approuverait pas le déroulement à la date qui a été fixée? Parce que, attention, ceux qui, encore hier, croyaient que la vague du boycott se calmerait au dernier moment risquent fort d'être forcés de reconnaître leur erreur. Comment? Parce qu'outre les partis comme le RCD et le FFS qui prônent ouvertement le boycott des urnes, la Kabylie se prépare à recevoir des personnalités comme Taleb El Ibrahimi, le général Benyellès, Djeddaï du FFS et Ali Yahia Abdenour pour les entendre dire aux habitants de ne pas aller voter. Mais il y a pire. Ainsi cette Kabylie qui semble ces derniers temps avoir pris quelque répit pourrait surprendre plus d'un observateur en lui rappelant qu'il suffirait d'un rien pour s'embraser de nouveau. Un rien, c'est-à-dire un attentat ou deux «convenablement» ciblés et c'est de nouveau la crise. Une crise qui risque cette fois d'embraser toute la région. Cela étant dit, la campagne qui commence risque fort d'enregistrer des troubles tellement inattendus qu'elle pourrait déboucher sur une crise plus aiguë que ce que l'Algérie a enduré depuis 10 ans. C'est pour toutes ces raisons qu'à l'approche du scrutin les Algériens éprouvent, au-delà de la lassitude quotidienne, une peur indicible et beaucoup de doute. Les raisons à cela sont certes multiples, mais les principales sont la menace qui pèse sur la campagne, surtout de la part des islamistes, et le fait patent que toutes les promesses faites à la population à propos de la sortie de crise n'ont pas abouti. Une campagne incertaine commence . Il y aura des invectives, des anathèmes, voire des pugilats. Ce dont on est sûr en revanche, c'est qu'il y aura aussi beaucoup d'attentats meurtriers sans compter que les prisons risquent de s'enflammer pour un oui ou pour un non.