Une commémoration a été organisée jeudi dernier à la mémoire d'un des piliers de la chanson chaâbie ayant marqué de son empreinte la culture algérienne. Sobre hommage mais un hommage quand même. Jeudi 17 juillet dernier, cela fait 2 ans, jour pour jour, que nous as quittés le grand maître du chaâbi, El hadj Hachemi Gerrouabi, le 17 juillet 2006, à l'âge de 68 ans. Sa famille, à savoir sa soeur unique, son fils Mustapha, ses neveux et proches étaient là, pour honorer sa mémoire. Présente à cette cérémonie, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui devait inaugurer l'exposition de photos portant sur le défunt et surtout faire une allocution n'a pas pipé un mot, laissant le soin, finalement, à M.Lardjan, de son département, d'évoquer brièvement le nom de Guerrouabi et faire son éloge, devant un parterre, certes composé de sa famille mais celle artistique se faisait bien rare, compte-tenu de la dimension pluridisciplinaire de l'homme. L'hommage en somme n'était pas à la hauteur du maître. Le public aura eu droit, en préambule, à un reportage télé en langue française qui retracera la vie et le parcours de ce monument du chaâbi, sous les yeux d'une assistance en larmes. Suivra un concert de chants animé par Abderrezak Guenif, Abderrahmane El Kobbi, Hamid Laïdaoui, Sid-Ali Lekkam, Didine Karoum, Khelifa Berrabha de Miliana et Mustapha Guerrouabi en finish. Une orchestration chaâbie placée sous la direction de M.Smaïli Farid. Interrogé à propos de son défunt père, l'artiste, Mustapha Guerrouabi dira qu' «il était à la fois, le père, le chanteur, le musicien et le copain, il était ouvert d'esprit. Je conseillerais aux musiciens de continuer sur la voie du maître et ne pas dépasser les limites. Aujourd'hui n'importe qui fait dans le bricolage, écrit un livre sur Guerrouabi, ramène des photos par-ci par-là sans aucune autorisation de la famille, ni contrat. De ce qu'on entend comme chaâbi, beaucoup de chanteurs le prennent d'El Hachemi Guerrouabi. Si ce n'est pas cent grammes, c'est deux cents grammes...» Hamid Laidaoui, pour sa part, dira que Guerrouabi «est une école de chaâbi ayant appris cette musique d'El Anka. Guerrouabi lui a apporté un plus, avec le concours de Mahbou bati, en gagnant la sympathie de la jeunesse, à une époque où la musique occidentale faisant rage. Guerrouabi a su concilier entre l'ancienne et la nouvelle génération de mélomanes en donnant un nouveau souffle à la chanson chaâbie, à travers ses chansonnettes. C'est aussi un très grand plaisir et un honneur pour moi de participer à cet hommage et, j‘espère qu'il ne sera pas le dernier...» Né le 6 janvier 1943 à El Madania, c'est à une longue carrière que le jeune Guerrouabi était promis, dès son jeune âge. Orphelin et fils unique, il apprendra vite ce que responsabilité veut dire. Il grandira à Belcourt, en ayant ses soeurs à sa charge. El Hachemi passera tôt un concours de radio crochet qu'il gagnera deux années de suite. Puis c'est l'appel de la Casbah d'Alger. Dans cette solitude, il fera ses premiers pas dans la chanson et aiguisera son harmonie dans le quartier Malakoff. L'auteur de Leghiam, Sbhan houa Khalek lekouane, El barah kan fi omri ouchrine ou encore Harraz Aouicha chantait le plaisir, l'amour, et l'amitié, un vécu aussi passé, entre Youm el Djemaâ devant les murs de Marrakech, en exil en France où il produira notamment Twahecht el-Bahdja et les siens, de retour chez lui, où d'aucuns se souviennent de son fameux concert d'adieu un certain 4 juillet 2005, dans un théâtre de verdure bondé. Beaucoup de monde était venu constater de visu la force inouïe de cet artiste qui venait d'être amputé d'une jambe à la suite d'une maladie qu'il préféra taire durant trois ans, par pudeur. L'artiste s'était présenté debout devant une assistance éclectique, composée de vieux, jeunes et enfants, venus acclamer le courage et le talent de ce monument de la chanson chaâbie. El Hachemi Guerrouabi était un érudit qui, de la chanson est passé avec aisance aux tréteaux du 4e art puis au cinéma, avant de revenir définitivement à ses premières amours, le chaâbi où il choisira d'affûter ses armes en apprenant comme il se doit la langue arabe pour mieux maîtriser son verbe et son sujet. En 1995, menacé par la nébuleuse islamiste, il part en France, où il se remarie. L'appel des siens est plus fort. Il ira vers ses fans chanter de sa voix intacte qui n'avait pas pris une ride, jusqu'au jour fatidique où il est hospitalisé à Zéralda dans le coma pour s'éteindre un 17 juillet 2006, laissant derrière lui toute la famille algérienne en deuil, orpheline de ses chansons éternelles. Un ultime adieu à son adresse avait eu lieu au Palais de la culture en présence d'un public très nombreux. Repose en paix l'hadj!