Il n'est pas exclu que certains journaux endettés feront l'objet de poursuites judiciaires, comme l'exigent les règles commerciales. Intox et désinformation. C'est ainsi que Abderrachid Boukerzaza, ministre de la Communication, a qualifié l'information rapportée par la presse nationale, selon laquelle l'Etat aurait décidé «d'éponger toutes les dettes des journaux privés». Dans une déclaration exclusive à L'Expression, le ministre dément: «Je tiens à démentir, par le biais de L'Expression, dans le fond et dans la forme l'information rapportée dans les journaux qui ont annoncé la suppression des dettes des journaux privés.» Ne s'arrêtant pas là, M.Boukerzaza enchaîne: «Il n'a jamais été question de supprimer les dettes auprès des éditeurs. Je confirme que ce sujet n'a jamais fait l'objet de débat, ni d'orientation, ni d'instruction, ni d'une volonté d'aller vers cela», a-t-il affirmé, hier, lors d'une rencontre avec L'Expression au siège du ministère. Le même interlocuteur s'étonne encore: «J'étais vraiment étonné de lire, aujourd'hui (hier, Ndlr), dans certains journaux cette information. Je me demande d'où on l'a inventée. Je n'ai jamais fait une déclaration dans ce sens.» Ne cachant pas sa consternation, la même source s'interroge encore: «L'information a été dans les colonnes des journaux privés, alors que je n'ai rencontré jeudi dernier que la presse publique.» Le ministre rappelle qu'il serait contradictoire d'exiger la performance aux entreprises tout en supprimant leurs dettes. «C'est du non-sens, non?», s'est-il interrogé. «J'ai bien dit qu'il faut appliquer les règles commerciales dans les transactions. Cela m'amène à réaffirmer que toute entreprise est obligée d'accepter les règles commerciales. Nous exigeons la transparence dans la gestion de ces entreprises», a-t-il souligné. Et d'insister sur un air très ferme: «Le meilleur moyen d'assainir le secteur est que chaque entreprise paye ses dettes.» Pour le premier responsable de département de la communication, «il n'est pas question de jouer avec l'argent du contribuable». Il s'explique encore: «Nous avons mis en place deux mécanismes. L'un pour le suivi et l'autre pour le contrôle. Le premier est annuel le second est semestriel. Nous procédons à un suivi minutieux et détail par détail l'évaluation des entreprises. Cela pour pouvoir mieux gérer le secteur». Allant plus loin, le ministre laisse entendre que l'Etat forcera la main aux éditeurs des titres endettés, pour payer leurs dettes. Sans l'annoncer ouvertement, on croit comprendre des dires du ministre, que les journaux endettés, feront même l'objet de poursuites judiciaires dans certains cas. Selon les allusions du ministre, l'Etat demandera des comptes aux imprimeries. Celles-ci se trouveront dans l'obligation d'agir de la même sorte avec les patrons de journaux. «Pas d'exception, tout le monde doit obéir à la règle commerciale. Il y a toujours un moyen pour que chacun paye ses dettes même s'il faut faire recours à la justice». S'exprimant sur l'aide directe de l'Etat à la presse, le ministre dévoile que «l'Etat apporte, de différentes manières, son soutien à la presse. L'Etat s'est engagé, à travers le président de la République, à promouvoir la liberté de la presse. Cela s'est traduit à travers la création des imprimeries régionales et la subvention de la matière première qui est le papier. Cela, sans évoquer d'autres avantages dont bénéficie la presse nationale.» Pour prouver le bien-fondé de ses dires, M.Boukerzaza argumente: «75% de la publicité de l'Agence nationale d'édition et de publicité, (Anep), est destinée aux titres privés». «Est-ce que cela n'entre pas dans l'aide de l'Etat à la presse nationale?», s'est-il interrogé. Dans cette brèves rencontre, le ministre de la Communication rassure que l'Etat «garantit la survie de la presse privée». Abderrachid Boukerzaza réitère que l'Etat, à travers son département, est déterminé, plus que jamais, «à nettoyer le secteur des parasites».