Après un calme qui aura duré moins de deux mois, la ville de Berriane, à 40 km du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa, renoue avec le cycle de la violence. Tôt dans la matinée d'hier, les habitants de cette localité ont été réveillés par de violentes émeutes. Dans un communiqué transmis hier à notre rédaction, et signé par le wali de Ghardaïa, il est mentionné que ces violences se sont soldées par «dix blessés évacués sur-le-champ par les éléments de la protection civile, à l'hôpital de la ville». Ce communiqué, qui fait état de l'incendie d'un camion, au cours de ces évènements, précise que «le calme est revenu après l'intervention des forces de l'ordre». Le wali de Ghardaïa s'est déplacé sur les lieux où il a rencontré des notables qui ont appelé les habitants à garder leur calme. Néanmoins, des témoins présents sur les lieux, contactés par L'Expression affirment que les émeutes se sont poursuivies durant toute la journée d'hier. Selon nos sources, tout a commencé dans la matinée d'hier, aux environs de 6h, dans le quartier dit Gare Ettine, lorsqu'un groupe d'inconnus a incendié un camion. La nouvelle de cet incident s'est vite «répandue» comme une traînée de poudre pour atteindre un autre quartier, celui de Kasse Hamouda. C'est la goutte qui fait déborder le vase. D'autant que, depuis les derniers événements, les habitants de cette ville ont les nerfs à fleur de peau. La rechute était donc plausible. Attendue même par beaucoup. Les observateurs qui suivent l'évolution de la situation dans cette ville ont, depuis quelques temps, exprimé leur crainte de voir le brasier se transformer en un volcan. Cela, notamment, lorsqu'il est indiqué que les promesses données par les pouvoirs publics, quant à la prise en charge des sinistrés des derniers événements, n'ont pas été tenues. Il faut relever, dans cette optique, que plusieurs habitations ont été incendiées lors de la vague de violence qu'a vécue Berriane, le 21 mars dernier. «Des dizaines, voire des centaines de familles, dont les maisons ont été brûlées avec tout ce qu'il y avait à l'intérieur, ne trouvent plus rien à manger», lit-on dans un communiqué transmis, lundi dernier, à la presse, par la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), section de Ghardaïa. «Certaines familles ont pu se rendre chez des proches qui les ont hébergées. Mais jusqu'à quand?» lit-on encore dans ce document. Les signataires de ce communiqué ajoutent «les sinistrés vivent des aides des âmes charitables qui sont loin d'être suffisantes, comme s'ils ne sont pas des Algériens qui ouvrent droit à une prise en charge par l'Etat». Contacté hier par L'Expression, le président de la Laddh, section de Ghardaïa, Kamel Eddine Fakhar a confirmé que «depuis le temps qu'ils attendent la concrétisation des promesses des pouvoirs publics, les sinistrés de Berriane n'ont rien vu venir». «Ce n'était que des promesses faites pour calmer les esprits, mais il s'est avéré que ce calme n'a été que précaire» dénonce encore notre interlocuteur, qui ajoute: «Le retour des violences était prévisible, car on ne s'est pas attaqué à la racine du problème. Les autorités ont laissé les choses pourrir». M.Fakhar a indiqué, par ailleurs, qu'en l'espace d'un mois et demi, trois maisons ont été incendiées au niveau de cette localité. Le calme dont les autorités ont fait état, n'est donc que de la poudre aux yeux. La mission parlementaire d'information en rapport avec les évènements de Berriane, l'avait clairement signifié, lors du compte rendu verbal présenté, au début du mois de juin dernier, au président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari. Ladite mission d'information a été catégorique: «Aucune marge d'erreur n'est tolérée dans la gestion de cette crise. Le bricolage politique et les solutions conjoncturelles ne feront qu'alimenter le malaise dans la région». Il faut rappeler que lors de son passage à Ghardaïa, le ministre de l'Intérieur a noté que cette wilaya a bénéficié de 182 milliards de DA, entre 1999 et 2008, au titre du programme d'équipement de l'Etat. Selon Noureddine Yazid Zerhouni, cet important programme a permis la prise en charge des préoccupations liées aux besoins fondamentaux des citoyens et d'assurer la réalisation et la réhabilitation des infrastructures de base nécessaires, à son développement. Il a, également, indiqué que, durant la même période, plusieurs projets ont été achevés dont, notamment, la réhabilitation de l'aéroport pour une enveloppe de 2,15 milliards de DA répondant aux normes internationales avec une piste principale de 2,8 km. Concernant le domaine de l'habitat, plus de 35.000 logements ont été réalisés, soit plus de 19.000 ruraux, 8400 sociaux locatifs et plus de 890 participatifs. Mais cela suffit -il pour assurer la paix sociale?