La natation sera sans doute l'une des grandes attractions de ces Jeux olympiques. Une discipline qui va très certainement revenir au roi Michael Phelps, le nageur américain qui ambitionne tout simplement de décrocher 8 médailles d'or. La star américaine avait brillé, il y a quatre ans à Athènes, en remportant huit médailles, dont six en or. Elle cherchera cette année à scintiller plus haut encore dans le ciel de la natation mondiale en remportant huit médailles d'or, un exploit qui effacerait des tablettes Mark Spitz et ses sept titres olympiques, à Munich, en 1972. Phelps s'alignera à titre individuel sur 100 et 200 m papillon, 200 et 400 m 4 nages, 200 m nage libre ainsi que sur les trois relais américains. Même s'il ne gagne que la moitié de ces courses, il deviendra l'athlète ayant récolté le plus de médailles d'or de tous les temps, devant Spitz, Carl Lewis (Etats-Unis, athlétisme), Paavo Nurmi (Finlande, athlétisme) et Larissa Latynina (URSS, gymnastique), tous titrés à neuf reprises. Le départ à la retraite de l'Australien Ian Thorpe, qui avait battu Phelps dans «la course du siècle» à Athènes sur 200 m nage libre, dégage un peu plus encore l'horizon doré du jeune Américain, seulement âgé de 23 ans. Aux championnats du monde de l'an dernier à Melbourne, en terre ennemie, Phelps avait posé les jalons de son exploit en remportant sept médailles d'or, tout en établissant cinq nouveaux records du monde. Il n'avait manqué le «grand huit» qu'en raison de la disqualification du relais 4x100 m 4 nages américain, à cause de l'erreur d'un partenaire. De la manière dont Phelps gérera la pression médiatique et populaire qui pèsera sur ses épaules dépendra en grande partie sa capacité à réaliser ce pari audacieux. Spitz en personne s'attend à ce que son record soit relégué aux oubliettes et prédit que Phelps «gagnera avec de la marge et établira des temps jamais réalisés par le passé». L'attente est telle outre-Atlantique que le diffuseur américain des Jeux a réussi à convaincre le Comité international olympique (CIO) de programmer les finales de natation, le matin à Pékin, pour qu'elles puissent être suivies en direct et en prime time aux Etats-Unis. Avec des stars comme Phelps, mais aussi Kitajima, Bernard, Hackett, Peirsol, Manaudou, Hoff, Trickett ou Coughlin, la natation, portée par un début d'année tonitruant au cours duquel une vingtaine de records du monde ont été battus, devrait détrôner l'athlétisme comme sport-roi de la quinzaine olympique. Dans le sillage de Phelps, une petite Américaine de 19 ans pourrait aussi entrer dans l'histoire du sport. Katie Hoff cherchera l'or dans cinq épreuves individuelles, plus les relais, pour faire oublier Kristin Otto et ses six médailles d'or remportées en 1988 à Séoul. L'Australien Grant Hackett sur 1500 mètres et le Néerlandais Pieter van den Hoogenband sur 100 mètres nage libre chercheront, eux, à devenir les premiers nageurs à remporter la même épreuve au cours de trois Jeux consécutifs. Si Hackett reste le maître incontesté des épreuves longue distance, la tâche s'annonce ardue pour le Néerlandais, concurrencé par une meute de nageurs affamés au premier rang desquels figure le Français Alain Bernard, qui l'a détroussé en mars dernier de son record du monde. Outre Bernard, qui emmènera le prometteur relais 4x100 m NL détenteur du record d'Europe, la France pourra compter sur un contingent record de 31 nageurs, parmi lesquels les ambitieux Hugues Duboscq, Amaury Levaux, Aurore Mongel, Coralie Balmy, Alena Popchanka et, bien sûr, Laure Manaudou. La Française, médaillée d'or sur 400 m nage libre à Athènes, cherchera à conserver son titre tout en partant à la conquête de médailles sur les épreuves de dos, dont elle s'est fait une nouvelle spécialité. Ainsi armée, la France pourrait modestement jouer le rôle d'arbitre entre Américains et Australiens. Les premiers présenteront une délégation forte des détenteurs de huit records du monde individuels sur 13, sans oublier les trois relais, tandis que l'Australie alignera les détentrices de six records du monde plus celui du 4x100m 4 nages féminin. Après des mois de polémique, il sera forcément question, durant les Jeux, des nouvelles combinaisons soupçonnées d'offrir une aide à la flottabilité aux nageurs.