C'est peu de dire que le phénomène Phelps a éclipsé tous les autres nageurs. L'Américain Michael Phelps, prodige et phénomène, a été la superstar des épreuves de natation aux Jeux olympiques de Pékin où il a été sacré plus grand nageur de tous les temps avec huit médailles d'or. «L'extra-terrestre» du milieu aquatique a pimenté son exploit de sept records du monde dans le «Cube» pékinois, où un total de 25 marques mondiales ont été établies. Les finales, disputées pour la première fois le matin, n'ont pas été un problème pour les nageurs: 20 des 25 records battus l'ont été en matinée. Une abondance de records dans une ambiance de folie dans l'étrange mais captivante piscine où la natation, seulement centenaire, a ouvert un nouveau chapitre de son histoire qui s'intitule: «Les Jeux de tous les records». Tout cela tient à la combinaison «miracle», sortie il y a près de six mois et qui favorise la flottabilité, mais aussi à tout une nouvelle génération de nageurs, qui s'entraînent différemment, alliant physiologie, préparation mentale, nouvelles technologies (dont la combinaison fait partie), récupération et diététique. Phelps, 23 ans, fait partie de ceux-là, mais il est, en plus, exceptionnel. Il n'a perdu aucune des finales qu'il a disputées et n'a laissé aucune chance à ses adversaires même s'il a eu très chaud sur le 100 m papillon, où le Serbe Milorad Cavic a défié le maître et laissé filer le titre à 1/100e seulement. Cette course est la seule sur laquelle l'Américain n'a pas battu le record du monde. Avec un programme taillé sur mesure, le «Kid de Baltimore» s'est adjugé les titres sur 200 m et 400 m 4 nages, 100 m et 200 m papillon, 200 m libre, et les relais 4x100 m libre, 4x200 m libre et 4x100 m 4 nages. Le géant Phelps au visage enfantin a effacé des tablettes son compatriote Mark Spitz, vainqueur de 7 titres lors des Jeux de 1972. Il s'est, en plus, offert le luxe de devenir l'athlète le plus titré de l'histoire des Jeux avec 14 médailles d'or - il avait déjà remporté 6 or et 2 bronze à Athènes en 2004 - ainsi que l'athlète masculin le plus médaillé (16). Celui qui voulait absolument réussir quelque chose d'inédit a frappé très fort et les performances de ses compatriotes paraissent bien pâlichonnes à côté. Dans le sillage de Phelps, les Américains ont néanmoins honoré leur statut de nation dominante avec 31 médailles à leur compteur, dont 12 en or. Seul bémol, l'équipe féminine a été en-deçà des espérances avec seulement deux médailles d'or (Natalie Coughlin sur 100 m dos et Rebecca Soni sur 200 m brasse) et une grosse déception pour celle que l'on a surnommée «la Phelps au féminin», Katie Hoff. La nageuse de 19 ans, qui repart avec deux médailles sur les cinq promises, a croulé sous un programme beaucoup trop chargé. A l'inverse des Américaines, les Australiennes ont redonné du tonus à une équipe qui avait besoin de se refaire une santé. Deuxième nation derrière les USA, l'Australie a récolté 20 médailles. Les filles ont apporté les six médailles d'or au camp australien. La palme revient à Stephanie Rice, magistrale sur 200 m et 400 m 4 nages et seule nageuse à avoir remporté trois titres à Pékin (avec le relais 4x200 m libre). Hormis les Etats-Unis et l'Australie, aucune autre nation n'a fait de carton en Chine, mais certaines se sont illustrées dans certaines spécialités. En sprint, la France a fait son apparition au plus haut niveau avec Alain Bernard, qui a remporté la plus belle des courses, le 100 m nage libre, et a décroché le bronze sur 50 m libre, où son compatriote Amaury Leveaux a pris la 2e place. Le Brésilien Cesar Cielo Filho a fait entrer son pays dans l'histoire de la natation en s'adjugeant le 50 m libre après le bronze sur 100 m libre. Les Chinoises se sont invitées dans la compétition avec deux de leurs jeunes représentantes, sorties «de nulle part», et qui sont montées sur les 1re et 2e marches du podium du 200 m papillon, Zige Liu et Liuyang Jiao. La Grande-Bretagne, elle, fera date dans l'histoire avec Rebecca Adlington, 19 ans, qui s'est emparé du plus vieux record du monde, celui du 800 m nage libre qui datait de 20 ans, cinq jours après avoir remporté son premier titre sur 400 m libre. Au chapitre des records, on trouve encore l'Américaine Dara Torres qui, à 41 ans, a porté à douze son nombre de médailles olympiques. Cette maman d'une petite fille a participé à ses premiers Jeux en 1984 et a effectué en Chine un deuxième come-back réussi avec 3 médailles d'argent. Enfin, alors qu'il souhaitait lui aussi entrer dans la légende, l'Australien Grant Hackett, médaille d'argent, a échoué à devenir le premier nageur de tous les temps à remporter trois titres consécutifs sur une même distance (1500 m).