La discipline reine sera une nouvelle fois l'attraction à Pékin. Malgré une histoire olympique riche en exploits, rarement le 100 mètres hommes n'aura été aussi alléchant que cette année à Pékin où il devrait éclipser la majorité des autres épreuves d'athlétisme. Pour la première fois, trois athlètes déjà chronométrés en moins de 9 secondes et 80 centièmes se disputeront le titre sur l'épreuve reine, l'Américain Tyson Gay et les deux Jamaïcains Asafa Powell et Usain Bolt. En quatre ans, la discipline a connu un bond chronométrique, tout en plongeant dans le marasme du dopage. Le champion olympique en titre, l'Américain Justin Gatlin, a été suspendu quatre ans en 2006, après un test positif à la testostérone et ne défendra pas son titre à Pékin. La couronne se jouera donc entre les trois athlètes les plus rapides de tous les temps. Cinquième à Athènes en 2004, Powell a, depuis, amélioré deux fois le record du monde pour le porter à 9,74 en 2007 et a montré son état de forme en courant en 9,82 à Monaco, juste avant les Jeux. Mais il ne sera pas favori et il s'en réjouit. «Pour la première fois cette année, tous les regards seront braqués sur Bolt et Gay. Je préfère cette situation», a déclaré Powell, qui a souvent eu du mal, par le passé, à assumer son statut de favori. Il a donc transmis le costume avec plaisir à son compatriote Usain Bolt, 21 ans et révélation de l'année. Bolt a amélioré le record du monde en mai dernier, en signant un cinglant 9,72 à New York et annonce en candidat numéro un pour le doublé 100-200 mètres. Enfin, Tyson Gay, qui ne s'est pas qualifié pour le 200 mètres en raison d'une blessure contractée lors des sélections américaines, a été flashé cette année en 9,77 et même en 9,68, un chrono non homologué en raison des conditions de vent trop favorables. La finale, le 16 août, pourrait bien être la course la plus dense et la plus rapide de tous les temps. L'autre point d'orgue de la semaine pourrait être la finale du 110 mètres haies où le Cubain Dayron Robles, recordman du monde en 12,87 depuis juin, défiera, en son antre, le champion olympique en titre et chouchou de tout un pays, le Chinois Liu Xiang, dont l'état de forme est un mystère. En retrait cette saison, le Français Ladji Doucouré, champion du monde en 2005 à Helsinki, s'est fixé comme objectif d'entrer en finale. Le 400 mètres offrira un duel haletant 100% américain entre le champion du monde et olympique en titre, Jeremy Wariner, et la révélation LaShawn Merritt, vainqueur des sélections américaines. Poussé par un concurrent de cette valeur, Wariner a annoncé son objectif de battre le record du monde de Michael Johnson (43,18), établi en 1999 à Séville. Un autre duel entre compatriotes, Ethiopiens cette fois, animera le 10.000 mètres messieurs, distance sur laquelle le jeune Kenenisa Bekele, 26 ans, tentera de confirmer sa domination sur son glorieux aîné Haile Gebreselassie, 35 ans, qui a renoncé au marathon, en raison de la pollution. Après avoir longtemps dit qu'il ne viserait pas le doublé 5.000-10.000 mètres, deux distances dont il détient les records du monde, Bekele a finalement laissé entendre qu'il pourrait se lancer ce défi que plus personne n'a relevé depuis l'Ethiopien Miruts Yifter en 1980. Chez les femmes, c'est en «altitude» que tout devrait se passer. L'attention se concentrera sur les concours du saut à la perche et du saut en hauteur où Yelena Isinbayeva et Blanka Vlasic viseront, outre le titre olympique, le record du monde. La perchiste russe est une habituée puisqu'elle compte déjà 23 records du monde à son actif. Elle a battu le 29 juillet, à Monaco, sa meilleure marque en plein air en franchissant une barre à 5,04 mètres. Pour la Croate, ce serait une grande première, elle qui court depuis plusieurs mois derrière le record de la Bulgare Stefka Kostadinova (2,09 m), établi en 1987 à Rome. Révélation de la saison, la jeune Kenyane Pamela Jelimo, 18 ans, sera la favorite du 800 mètres tandis que l'Ethiopienne Tirunesh Dibaba, qui a battu en juin le record du monde (14'11´15), sera opposée à sa compatriote Meseret Defar sur 5000 mètres. Côté français, les performances n'ont guère été brillantes ces derniers mois et les principaux espoirs de médaille reposeront sur les épaules de Mehdi Baala (1500 mètres) et du marcheur Yohann Diniz.