Le président sud-africain qui assure la médiation entre le président zimbabwéen et son principal opposant, Morgan Tsvangirai, arrive aujourd'hui à Harare. Le président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise au Zimbabwe, devait se rendre aujourd'hui à Harare pour une visite cruciale dans des négociations sur le partage du pouvoir qui pourraient aboutir rapidement, à en croire la presse sud-africaine. Lors de cette visite, la seconde en deux semaines, Thabo Mbeki s'entretiendra avec le président Robert Mugabe, le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) Morgan Tsvangirai et le leader de la faction dissidente du MDC, Arthur Mutambara, selon le ministère des Affaires étrangères à Pretoria. Il devrait rentrer en Afrique du Sud demain après-midi. Le quotidien sud-africain Business Day affirmait hier que MM.Mugabe et Tsvangirai se rencontreraient demain, les parties étant sur le point de conclure un accord final de partage du pouvoir. Les chefs de l'Etat et de l'opposition s'étaient publiquement retrouvés pour la première fois en 10 ans le 21 juillet à Harare. Ils s'étaient engagés à négocier afin de débloquer la situation au Zimbabwe, paralysée depuis la réélection controversée le 27 juin de M.Mugabe à l'issue d'un scrutin boycotté par l'opposition et entaché de violences. Le porte-parole du président zimbabwéen a cependant démenti jeudi tout accord dans les pourparlers qui se déroulent depuis fin juillet en Afrique du Sud, qualifiant de «totales balivernes» les allégations des médias. Il avait seulement affirmé, à l'instar de la présidence sud-africaine, que les négociations continuaient de progresser. Selon les médias, M.Mugabe resterait chef de l'Etat et M.Tsvangirai prendrait les fonctions de Premier ministre. Le président, 84 ans dont 28 au pouvoir, et ses partisans seraient amnistiés des violences commises depuis les années 1980 avec le massacre de milliers de Ndebele, l'ethnie minoritaire qui vit dans le sud du pays, jusqu'aux viols et meurtres plus récents des partisans du MDC. Cette répartition des postes «est probablement la seule et unique solution possible aujourd'hui au Zimbabwe. Ce ne serait pas réaliste ou faisable pour l'instant de laisser Mugabe complètement hors de la scène politique», estime Olmo Von Meijenfeldt de l'Institut pour la démocratie en Afrique du Sud. Selon lui, le président Mugabe, soumis à des pressions internationales, régionales et internes, «va probablement accepter». L'effondrement de l'économie, avec une inflation atteignant des millions pour cent par an, pousse également ses traditionnels soutiens, policiers et soldats, à lâcher le pouvoir. La conclusion d'un tel accord signerait un succès international pour le médiateur Thabo Mbeki, très critiqué pour la gestion de cette crise, avant la fin de son mandat en 2009. Mais pour de nombreux analystes, c'est la mise en oeuvre d'un tel «mariage forcé» qui risque d'échouer. «Un accord va être conclu mais reste à savoir si cet engagement pourra être appliqué car ces parties forment un étrange couple avec des idéologies, à la base, diamétralement opposées», souligne Eldred Masunungure, professeur de sciences politiques à l'Université du Zimbabwe, pour qui «une recette doit être trouvée pour mélanger l'eau et l'huile». L'analyste politique zimbabwéen Takavafira Zhou estime qu'un accord «ne donnera pas la solution pour sortir le pays de la crise actuelle». Il s'inquiète de la réaction de l'état-major des armées, qui a averti ne pas accepter Morgan Tsvangirai comme président, et des Zimbabwéens ayant commis des violences avec la bénédiction du parti au pouvoir depuis 28 ans. Pour le professeur Shadrack Gutto, de l'Université d'Afrique du Sud, seule l'amnistie, couplée à un processus de réconciliation à l'image de la transition post-apartheid, «pourrait empêcher des représailles et permettre aux gens de passer à autre chose».