La pénurie est-elle inscrite dans le quotidien du consommateur algérien? Après l'épisode de la pomme de terre, voici que le lait commence à faire des siennes. Le sachet est quasiment introuvable sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou ou du moins à certaines heures de la journée. On a visité plusieurs commerces depuis mardi dernier et la réponse magique a toujours été au rendez-vous: «Makache, khlass, madjabouch, oulach!» Même à Draâ Ben Khedda où pourtant une importante unité de transformation existe, les commerçants sont désolés, car selon eux, «on nous sert une journée sur deux et en quantité très limitée!» Cela nous a poussé à en savoir plus. D'abord du côté des revendeurs. A Draâ Ben Khedda, les revendeurs et commerçants se désolent de ne pouvoir servir leur clientèle, car selon eux les quantités distribuées sont nettement inférieures, Ahmed, un commerçant de cette ville, va plus loin en affirmant «avoir refusé de prendre les trois caisses livrées, car d'habitude j'en écoule plus de dix caisses! A qui vais-je donner du lait et à qui ne pas en donner. Comment faire le tri?» A Tizi Ouzou, un autre commerçant affirme ne recevoir du lait qu'un jour sur deux et en quantité insuffisante. Boghni, Beni Douala, Aïn El Hammam, bref, à travers les localités de la wilaya, les mêmes réclamations et les mêmes récriminations, pas de lait! On s'est intéressé à l'unité de transformation de Draâ Ben Khedda, désormais privatisée, mais l'on nous a répondu que le directeur était absent pour la deuxième journée consécutive, même la directrice commerciale semblait, elle aussi, absente. En fait, selon des sources, ces deux responsables évitaient la presse. D'autres sources affirment que l'unité accuse un déficit dans la production évaluée à au moins 30.000 litres, nos sources expliquent que cela est dû au manque de poudre de lait. Selon ces mêmes sources, la nouvelle direction de l'unité semble en proie à des problèmes internes et aussi à des problèmes avec les livreurs. Des informations que nous n'avons pu confirmer. Récemment, le ministère de l'Agriculture a pris des dispositions, ainsi à chaque fois que le transformateur collecte, disons 50 litres de lait cru, il lui est donné de la poudre pour en faire 50 autres litres de lait reconstitué. Mais malgré cela, les consommateurs sont en proie à la pénurie de cet aliment de base. Ajoutons à cela le fait qu'en été, les fabricants de glaces et autres entremets à base de lait en font une grosse consommation et que les producteurs privés qui sont censés recevoir de la poudre de lait pour justement faire du lait reconstitué, semblent s'oublier et sont portés généralement sur les yaourts et autres fromages dont le camembert, alors la boucle est bouclée. Ainsi, il semble que la privatisation de ce secteur connaisse des ratés. L'état donne de la poudre, une poudre certes assez chère sur les marchés mondiaux mais soutenue afin que les transformateurs produisent du lait et les voila lancés dans les fromages et yaourts. Bien sûr qu'un transformateur doit faire des bénéfices, mais il a aussi des obligations et le lait est parmi les produits prioritaires. Ajouter de l'eau et des matières grasses, ce ne doit pas être sorcier. Alors, si ces transformateurs faisaient un peu moins de yaourts et un peu moins de camembert, il se pourrait que le pays ne connaisse pas ce genre de pénuries. Pour l'heure, les familles attendent une embellie et elle ne saurait venir que d'une réglementation de l'Etat, une réglementation obligeant, par exemple, les privés aux obligations du service public.