Le Haut conseil d'Etat (junte) au pouvoir en Mauritanie depuis le coup d'Etat du 6 août contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi s'est doté d'une ordonnance constitutionnelle définissant ses «pouvoirs provisoires», annonce hier un communiqué de la junte. «Sans porter atteinte outre mesure que nécessaire aux dispositions de la Constitution du 20 juillet 1991, modifiée, la présente ordonnance constitutionnelle a pour objet de définir les pouvoirs provisoires du Haut Conseil d'Etat», précise le texte. Le texte de dix articles donne au Haut conseil d'Etat (HCE) «les pouvoirs nécessaires à la réorganisation et à la conduite de l'Etat et des affaires publiques pendant la période nécessaire à l'organisation d'élections présidentielles» dans un délai «le plus court possible». Les pouvoirs du président de la République définis par la Constitution, «sont exercés, en la forme collégiale, par le Haut Conseil d'Etat», précise l'ordonnance. Le chef de la junte a le pouvoir de désigner le Premier ministre désormais responsable devant lui et devant le HCE et de nommer aux emplois civils et militaires. Une junte dirigée par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien commandant de la Garde présidentielle, a renversé le 6 août, sans effusion de sang, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, qui est actuellement en résidence surveillée. Ce coup de force faisait suite au limogeage par le chef de l'Etat des chefs de l'armée. Il a été unanimement condamné par la communauté internationale, les Etats-Unis et la France ayant déjà suspendu leur aide non humanitaire. La junte s'arroge par ailleurs le pouvoir de légiférer en cas de blocage du fonctionnement du Parlement. «Lorsque pour des raisons quelconques, le fonctionnement du Parlement est entravé, le Haut Conseil d'Etat édicte par ordonnance les mesures de force législative nécessaires à la garantie de la continuité des pouvoirs publics et à la garantie de la liberté et de la transparence des élections présidentielles prévues», stipule le texte. Le communiqué de la junte a par ailleurs rendu hommage au «comportement hautement patriotique et responsable des cadres des forces armées et de sécurité qui ont failli être dressés les uns contre les autres». Il salue enfin «l'élan de soutien par lequel les partis politiques, les acteurs de la société civile, les organisations socio-professionnelles et les populations ont exprimé leur adhésion au mouvement de sauvegarde des institutions démocratiques engagé par les forces armées et de sécurité le 6 août 2008». Les adversaires et les partisans du coup d'Etat militaire ont mobilisé lundi à Nouakchott plusieurs milliers de personnes. Les manifestations se sont dispersées sans incident.