Mesure n Première décision prise par les militaires putschistes, une semaine après le putsch : réunir l'ensemble des partis pour la constitution d'un nouveau gouvernement. Une grande majorité des parlementaires et des maires de Mauritanie ont affiché, hier, mercredi, leur soutien aux militaires putschistes, une semaine après le coup d'Etat que l'Union européenne a de nouveau «fermement» condamné en évoquant un risque d'«isolement» du pays. A Nouakchott, les partisans du putsch ont plus de la majorité des deux tiers à l'Assemblée (67 sièges sur 95) comme au Sénat (40 sur 56). Dans une déclaration commune, ils ont lancé dans l'après-midi d'hier «un appel à la communauté internationale pour soutenir les parlementaires dans leurs objectifs de préservation de la stabilité du pays et pour faire face aux défis de la démocratie et du développement». Leur texte condamne les pratiques «anticonstitutionnelles» et «l'entêtement» du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui a été arrêté le 6 août par les putschistes, puis destitué et placé en résidence surveillée. Le coup d'Etat est une «rectification visant le déblocage des institutions» mauritaniennes, affirment-ils, en invitant le Haut-Conseil d'Etat (composé de 11 militaires) à «coopérer pleinement avec les institutions démocratiquement élues» dont le Parlement. De leur côté, 191 maires sur les 216 que compte le pays, ont publié une déclaration pour apporter leur soutien au putsch, également qualifié de «mouvement de rectification du processus démocratique». Installé depuis une semaine dans le fauteuil du chef de l'Etat renversé, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a commencé à recevoir, mardi soir, des représentants de partis politiques de diverses sensibilités, en vue de former un gouvernement. Auparavant, la junte s'est dotée d'une «ordonnance constitutionnelle» pour définir ses pouvoirs «provisoires». Selon ce texte, ce sont les militaires du Haut-Conseil d'Etat qui exercent collégialement les pouvoirs du président. Par ailleurs, une manifestation de députées mauritaniennes partisanes du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, a été réprimée par la police, hier, mercredi. «La police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes un sit-in organisé mercredi à Nouakchott par des femmes opposées au coup d'Etat qui a renversé le président Ould Cheikh Abdallahi, a affirmé une députée du parti présidentiel. Elles étaient 100 à 200 femmes à se rassembler devant l'Assemblée nationale où elles ont été accueillies par des députées membres du Front (pour la défense de la démocratie). La police est intervenue pour les disperser à coups de lacrymogènes», a affirmé Ezzé Mint Hammam, députée d'Aioun (est), membre du Pacte national pour la démocratie et le développement (Pndd). «Nous avons voulu nous opposer de façon pacifique, nous l'avons dit à la police, mais elle a préféré la violence contre les manifestantes et contre nous-mêmes, malgré nos écharpes de députées», a protesté Ezzé Mint Hammam. Les femmes «avaient eu le temps de déployer leurs pancartes et banderoles fustigeant le putsch et réclamant le retour à la légalité constitutionnelle» a-t-elle précisé.