Ils exigent leurs biographies et les CV les concernant. C'est la question que se posent la plupart des jeunes et moins jeunes auxquels nous avons demandé leur avis sur les prochaines élections législatives. Un médecin s'est interrogé sur la représentativité des candidats en déclarant: «Les photos des candidats, leur âge et leur sourire ne sont pas des indications suffisantes pour les électeurs.» Il met en exergue le manque de confiance qu'il éprouve à l'égard des partis en lice. Sur un ton ferme, il affirme avec conviction: «Pour assurer un scrutin transparent, les citoyens ont surtout besoin de connaître les hommes pour lesquels ils vont donner leur voix. Pour ce faire, il aurait fallu dresser une biographie exhaustive et le curriculum vitae de chaque candidat et définir d'une manière précise leur couleur politique.» Cette constatation a été émise aussi par d'autres adolescents désoeuvrés qui estiment que «cette carence aurait pu être un indice important sur lequel auraient pu se baser les électeurs pour donner leur voix». Et d'ajouter à l'unisson et avec force: «Nous n'avons plus confiance en les partis politiques et en les députés qui n'ont rien fait pour les jeunes et ne s'intéressent qu'à leurs salaires et à leur standing.» Après moult contacts avec des citoyens de tous âges, nous avons buté sur la même réflexion qui mettait en relief l'échec des chambres parlementaires précédentes. Certaines personnes d'un âge avancé ont montré des signes de pessimisme sans détour, ils ont déclaré qu'«aucune assurance n'est donnée aux électeurs quant aux hommes et encore moins quant à leur intégrité et leur disposition à être à l'écoute de leurs préoccupations». Ce désintérêt de la population à l'égard des élections s'explique par le laxisme des autorités du pays vis-à-vis des multiples dépassements de diverses natures de la part des élus en différents endroits du pays. Un sexagénaire abonde dans ce sens en affirmant que «certains candidats sont dénués de culture nationaliste et ne convoitent que leurs intérêts personnels au détriment de toute la population et de l'avenir de la nation», ajoutant que «si le pouvoir avait exigé des candidats de présenter leur biographie et leur parcours politique ou autres, cela aurait permis d'éviter la menace de l'abstention qui, au demeurant, pourrait être mise à profit par les islamistes.» Et d'enchaîner: «Cela ne doit pas décourager les citoyens pour se rendre aux urnes massivement afin d'accomplir leur devoir.» L'échange de propos avec le sexagénaire a attiré l'attention de quelques jeunes qui lui lancent sur un ton satirique: «Nous n'avons confiance en aucun parti politique et encore moins en ceux qui veulent semer la discorde et la confusion parmi la population en appelant au boycott qui, en fait, n'arrangera pas les choses pour nous.» Ils ajoutent: «Nous sommes persuadés que tous les jeunes iront aux urnes, mais nous sommes persuadés que la plupart glisseront un bulletin blanc par peur de représailles.» Cette dernière déclaration émise par un grand nombre de citoyens de tous âges dévoile le malaise de la masse populaire qui n'a d'autre solution que d'«espérer que ces élections seront bénéfiques à la jeunesse algérienne et surtout que ces élections, qui représentent un virage important, seront salvatrices pour la nation algérienne.» En quelques mots, les nombreuses déclarations dénotent la volonté des Algériens de donner leur voix «aux hommes qu'ils connaissent tout simplement» d'où la nécessité d'un véritable travail de proximité pour les partis qui n'ont que 19 jours pour le faire, «après plus de 5 ans de législature en totale déconnexion», comme l'a si bien résumé un jeune lycéen.