C'est une question éducationnelle, de civisme et de respect envers soi-même. L'intérieur des habitations individuelles en Algérie, que ce soit celui des appartements, des maisonnettes ou des bâtisses de la Casbah, reflète partout le désir de propreté qui anime tout un chacun. Des patios frais et propres dans les maisons traditionnelles, des appartements reluisants malgré la modestie du décor et de l'ameublement, des «kheïmas» attrayantes par leur confort et leur propreté... Ces exemples ne sont guère étrangers au commun des Algériens. Mais que se passe-t-il donc dans leur tête dès qu'ils franchissent le seuil de leur domicile? Changent-ils de planète? Pourquoi s'abaissent-ils tant à vouloir et supporter de vivre dans la saleté, parmi les immondices, les puanteurs, les eaux stagnantes (alimentées du reste par eux-mêmes)? Avons-nous perdu tous nos repères? Autant de questions qui laissent pantois le citoyen qui veut (et peut) vivre une autre vie dans un environnement plus sain, plus propre et plus agréable. «Alger est sale» une réflexion fort désobligeante entendue maintes fois. Elle est formulée autant par l'autochtone que par les étrangers de passage comme par nombre de diplomates dans les salons,. Les autres grandes métropoles du Maghreb, sans les nommer car bien connues de nos citoyens, ne souffrent pas de ce «fléau», car c'est ainsi qu'il faut appeler ce mal. Pourtant, pour un simple bout de papier, un ticket de bus, un petit sachet ou une simple canette de boisson ou autres...de petites corbeilles sont installées au niveau de tous les abribus. Des bacs à ordures parsèment nos rues...mais «invisibles» pour ce quidam qui pense qu'au-delà du seuil de sa maison, rien ne le regarde plus. Les services de ramassage des ordures ne font-ils pas bien leur travail? On est contraint de le croire quand on voit les équipes de nuit bâcler (c'est le mot) leur tâche, certes difficiles, mais qui peut être menée avec une certaine diligence. Les poubelles d'immeubles, une fois vidées sont projetées de façon brutale dans une indifférence totale, laissant échapper les dernières ordures de la poubelle mal vidée qui s'éparpillent sur la chaussée et les trottoirs. Les grands bacs à ordures installées dans les cités et autres quartiers populeux, sont hissés (presque) régulièrement pour être vidés dans les rares centres d'enfouissement qui existent. C'est le conducteur du camion qui s'en occupe seul. Mais l'emplacement n'est pas du tout nettoyé après enlèvement et l'autre bac de remplacement n'arrive que 12 ou 24 heures plus tard. Celui-ci est alors déposé à même les ordures laissées auparavant ou même la veille et sur celles déposées entre les deux opérations. Elles resteront encore là après les prochaines opérations...C'est «comme si on crachait en l'air» comme on dit. L'expérience réussie vécue à Constantine par un jeune opérateur économique inscrit à l'Ansej, un certain Messili pourrait service d'exemple émulateur pour nos jeunes. Il a créé une entreprise de ramassage d'ordures en 2002, l'Eurl Pefect-net. Il a su imposer ses activités dans différentes cités de la ville de la grande métropole de l'Est. Depuis 2004, les engins de Perfect-net prospectent et débarrassent les ordures et les débris. Cette nouvelle entreprise a contribué à l'insertion professionnelle de plus de 30 jeunes et moins jeunes. Elle est, pour l'heure, en voie de devenir incontournable en matière d'hygiène et dans l'assainissement de tous ces quartiers qui ont eu la chance d'être sélectionnés pour faire partie des secteurs qui lui sont rattachés. Elle tente même d'innover en matière de culture hygiénique (ceci est à souligner), en impliquant le citoyen dans la préservation de la propreté de son environnement par notamment des campagnes de sensibilisation et des initiatives incitatives à l'intention des enfants de ces quartiers. Certains responsables préconisent un renforcement du rôle de la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement, qui doit sévir en imposant des amendes à tout contrevenant. Les notions de civisme seront-elles pour autant inculquées au citoyen? La balle est dans son camp et cessons de gémir, car nous sommes tous responsables.