Les Reds veulent en finir avec la domination de Manchester, Chelsea et Arsenal. Cela fait dix-huit ans que Liverpool n'a plus remporté le championnat d'Angleterre, une attente trop longue pour les supporteurs et un manque trop douloureux que Rafael Benitez veut absolument combler pour restaurer la fierté des Reds et garder son poste. Le kop d'Anfield, fief des fans les plus enflammés du club, ne veut pas l'envisager, ni même en parler. Pourtant, si Manchester United conserve son titre de champion d'Angleterre cette saison, Liverpool sera alors rejoint par son ennemi intime au firmament des équipes les plus titrées du pays avec 18 sacres. Cet événement serait vécu comme une humiliation suprême. Voilà 18 ans maintenant que les Reds n'ont plus gagné le championnat (1990), 18 longues saisons. Malgré la victoire en Ligue des champions en 2005, la 5e de l'histoire du club, malgré une Coupe d'Angleterre en 2006, le bilan de Rafael Benitez à la tête du club est terni par cette couronne manquante. La seule chose qui importe aujourd'hui sur la Mersey est que Liverpool remporte la Premier League et reprenne un peu d'avance sur United. Le technicien espagnol doit donc faire attention. Ce pourrait être sa dernière chance de combler le vide. S'il échoue une nouvelle fois dans cette quête du Graal, les propriétaires américains du club, Tom Hicks et George Gillett, pourraient rapidement lui trouver un remplaçant. Pour arriver à ses fins et à celles de ses supporteurs, Benitez a obtenu la pièce qui manquait à son puzzle: Robbie Keane, acheté 25 millions d'euros à Tottenham. Pour l'ancien patron de Valence, Keane est le complément idéal de Fernando Torres à la pointe de l'attaque des Reds. L'Irlandais n'a pas encore marqué pour son nouveau club mais son entente avec Torres a déjà accouché de bonnes choses. L'Espagnol a aussi changé de tactique médiatique: il ne dit plus, comme il le faisait ces dernières années, «nous pouvons gagner le titre cette saison». Ses échecs successifs lui font désormais dire: «La clé est de ne pas dire que nous pouvons gagner le titre. Nous sommes sur le bon chemin et le groupe progresse mais sera-ce suffisant pour être champion? C'est la grande question car cela dépend aussi des autres équipes». La nouvelle formule va peut-être enlever un gramme de pression aux joueurs mais Steven Gerrard et ses partenaires, qui débutent leur saison à Sunderland aujourd'hui, ne peuvent de toute façon pas se cacher. C'est une saison cruciale qui va se jouer sur les bords de la Mersey. Une saison qui n'aura peut-être jamais suscité autant d'attentes de la part des joueurs, des dirigeants et surtout des supporteurs. En championnat national, Benitez a toujours déçu depuis son arrivée à l'été 2004. Cette fois, il n'a plus droit à l'erreur.