Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique australe réunis à Johannesburg ont conclu leur Sommet dimanche soir sans avoir réussi à arracher au pouvoir et à l'opposition au Zimbabwe, un accord sur un gouvernement d'union nationale. Mais ils ont obtenu que les protagonistes poursuivent leurs négociations, insistant sur l'urgence d'un accord. «Les parties sont toujours très éloignées sur un point, celui des pouvoirs exécutifs qui doivent revenir au président et au Premier ministre», a déclaré le chef de la diplomatie angolaise, Joao Miranda, à l'issue d'une ultime tentative pour conclure les pourparlers. «L'écart entre les parties se réduit», a-t-il toutefois assuré. L'Angola est membre de la troïka de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) chargée des questions de politique, de défense et de sécurité. Cet organe, saisi des sujets qui menacent la stabilité régionale, avait lancé le dernier assaut dimanche, après la clôture du Sommet, pour obtenir l'adhésion de tous les protagonistes à un accord de partage du pouvoir. Le président Robert Mugabe et les leaders de l'opposition, Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara, ont engagé, il y a une semaine, de houleuses tractations pour sortir de la paralysie née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars, puis de la réélection contestée du chef de l'Etat, 84 ans dont 28 au pouvoir. «Les négociations continuent et la médiation se poursuit», a déclaré le président sud-africain Thabo Mbeki, affirmant «impossible de dire quand les négociations vont se conclure». «Aucune échéance n'a été fixée» par la Sadc, a-t-il ajouté. «Seule l'urgence d'un accord a été soulignée». «Pendant que les négociations se poursuivent, il sera peut-être nécessaire de convoquer le Parlement afin de donner corps à la volonté du peuple exprimée lors des élections législatives du 29 mars», a poursuivi le médiateur de l'Afrique australe dans la crise. La convocation du nouveau Parlement entraînerait la formation immédiate d'un gouvernement. Dans le cas où un accord n'aurait pas encore été conclu, le poste de Premier ministre, celui d'un vice-Premier ministre et certains portefeuilles seraient laissés vacants pour le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M.Tsvangirai, selon une source proche du Sommet. Mardi dernier à Harare, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF, au pouvoir) et la faction minoritaire du MDC menée par M.Mutambara avaient conclu une entente informelle, accroissant la pression sur le principal opposant. La Zanu-PF et le MDC s'affrontent sur la répartition des compétences au sein de l'Exécutif, la durée d'un gouvernement de transition et la nature des réformes constitutionnelles et électorales à engager. M.Mugabe, qui conserverait la présidence, n'entend pas céder le contrôle de l'Exécutif, tandis que M.Tsvangirai refuse tout accord qui ne reflèterait pas la «volonté du peuple» exprimée le 29 mars, autrement dit, qui ne lui accorderait pas la gestion du gouvernement. «Nous sommes entièrement et fermement engagés dans le processus de dialogue», a déclaré, dimanche soir, le secrétaire général du MDC, Tendai Biti, saluant la poursuite des négociations incluant toutes les parties. «Nous ne pouvons pas nous permettre un échec», a-t-il lancé. La Sadc tient à ce qu'un gouvernement inclut tous les protagonistes, afin de gagner la reconnaissance de la communauté internationale. En jeu, une aide massive indispensable au redressement économique du pays.