C'est en arrivant sur le sable que le vrai cauchemar commence. Et pour cause, marcher pieds nus sur le sable chaud semble une opération des plus périlleuses et des plus risquées. La préparatifs de la rentrée sociale vont bon train, traduisant la fin de la saison estivale et pourtant, les plages algériennes sont loin d'être désertes en cette fin de mois d'août. Bien au contraire, puisque la plupart profitent justement de cette dernière quinzaine avant la «grande rentrée». C'est donc sur des plages bondées que se retrouvent la plupart de ces estivants de «la dernière heure». Plus que bondées, ces plages sont carrément saturées, c'est le moins que l'on puisse dire. De Sidi Fredj à Moretti en passant par Staouéli, Tipaza et Cherchell, les plages algéroises ont toutes un point commun et pas des moindres, celui de l'insalubrité: c'est dès le parking que cette constatation s'impose. En effet, se garer dans un espace où des bouteilles en plastique et des cannettes de boissons jonchent le sol n'est pas une opération des plus aisées. Passée cette étape de pilotage automobile, c'est en arrivant sur le sable que le cauchemar commence. Et pour cause, marcher pieds nus sur le sable chaud semble une opération des plus périlleuses et des plus risquées à cause des bouteilles et des tessons de verre éparpillés un peu partout, mais aussi des boîtes de chique rouillées. Arrivé à bon port, il «faut» louer un parasol, puisque dans certaines plages comme celle de Sidi Fredj et Tipaza, l'estivant doit payer le droit à s'installer sur la plage, en louant un parasol. Chose faite; il faut, ensuite, trouver une place où planter son parasol rouillé et fraîchement loué, parmi la foule déjà présente sur les lieux. A peine installé dans le mètre carré de sable difficilement trouvé, et croyant que cette aventure est enfin terminée, c'est alors que les choses commencent à se gâter. En effet, l'estivant doit, en plus, se faire une place dans l'eau qui ressemble plus à celle d'une mare noire qu'à la grande bleue. Et le pire c'est lorsque les enfants vont y nager. Hakim, un père de famille rencontré à la plage de Sidi Fredj a indiqué que «c'est difficile de surveiller les enfants, on doit les avoir constamment à l'oeil, leur mère et moi les surveillons tour à tour, on est obligé d'aller à l'eau avec eux pour ne pas les perdre». Ce père de famille venu, accompagné de sa femme et de ses trois enfants, n'a pas tari de critiques quant à la gestion de la plage qui «se trouve tous les jours dans un état pire que celui de la veille». Il a indiqué que «c'est la quatrième fois que je viens à cette plage, parce que c'est la plus proche de chez moi, et elle se trouve pire que la fois précédente», ajoutant «j'ai dû nettoyer moi-même la place où j'ai planté le parasol pour m'installer, d'ailleurs j'ai ramené de chez moi un sac poubelle spécialement pour ça, j'ai même ramassé des couches pour bébé usagées». Cette plage n'est pas la seule digne d'être classée dans le rang des décharges publiques puisqu'à une soixantaine de kilomètres de là, du côté est, se trouvent les plages de Tipaza. La plage colonel Abbas qui se trouve à l'extrémité de la wilaya est l'une d'entre elles, s'étendant sur 3 km et elle suscite actuellement la convoitise de beaucoup d'investisseurs potentiels dans le secteur du tourisme et ce, malgré le degré de pollution qui y règne et les maux sociaux qui s'y conjuguent. Et pour cause, cette plage munie de centaines de tentes ressemblant à un camp de toile, est assaillie clandestinement le soir par les toxicomanes et les personnes aux moeurs légères. Ainsi clochardisée, elle est investie le jour par les familles qui campent parmi un ramassis d'ordures et de bouteilles d'alcool jonchant le sol. Par ailleurs, l'insalubrité n'est pas le seul problème auquel sont confrontés les estivants désireux de passer quelques moments de calme en bord de mer. En effet, après l'insalubrité, le comportement de la génération des vingt ans est la deuxième contrainte à laquelle sont confrontés les estivants algériens. «Le bla (la drague), c'est le bla le problème, les jeunes yetbelaw sans aucune honte devant nous, on ne peut plus rester en famille, ils disent parfois des choses qu'on aurait préféré ne pas entendre», nous a déclaré un quinquagénaire, venu avec ses deux petit enfants à la plage. Un autre estivant ayant entendu les commentaires de ce dernier est intervenu en déclarant: «Moi, ça fait deux ans que j'ai interdit à ma fille de 17 ans de mettre les pieds à la plage (...) je suis de nature très ouvert, mais lorsque j'entends ce que les jeunes disent aux filles et parfois même aux dames, je refuse que la mienne entende ces horreurs, c'est une honte, il ne manquerait plus que yetbelaw ma fille devant moi.»