Les dirigeants maghrébins, en se donnant rendez-vous à Alger, les 21 et 22 juin, vont tenter de conjurer le sort. C'est le cas de le dire face aux obstacles, souvent insurmontables, réels ou subjectifs, érigés sur la route de l'Union du Maghreb. Quels chemins ont été parcourus depuis la prime rencontre, de Zéralda, un jour de printemps de 1988? Quatorze ans après, force est de constater que l'Union, tant prônée, demeure un voeu pieux, et que les interférences particulières ont rendu vains les efforts accomplis, par ailleurs, par les uns et les autres, afin de dépasser les différends conjoncturels lesquels ont, jusqu'ici, pris le pas sur la réalisation du grand projet maghrébin, empêchant l'Union du Maghreb d'entrer de plain-pied dans une phase active, avec les défis auxquels sont (et seront) confrontés les Maghrébins, pour assurer leur devenir dans un environnement mondial fortement policé et structuré. Dès lors, le sommet de l'UMA, de juin prochain, se présente, non point comme la rencontre de la dernière chance, mais, plus certainement, comme une refondation d'un projet dont, à l'évidence, le Maghreb ne peut faire l'économie ni le remettre à des moments meilleurs. Il ne fait pas de doute que c'est avec ce postulat à l'esprit que les dirigeants maghrébins ont insisté, ces derniers mois, sur le fait que l'UMA est, et demeure, un choix stratégique en phase avec les demandes des peuples de la région, mais plus sûrement, le moyen le plus adéquat, pour le Maghreb, de relever les défis de la mondialisation et de la globalisation. Il est vrai que les Etats du Maghreb ont eu, ces dernières années, à faire face à des problèmes intérieurs d'ordre divers - la question du terrorisme en Algérie, le contentieux maroco-sahraoui, le blocus international de la Libye entre autres -, qui ont eu des répercussions négatives sur la construction de l'ensemble maghrébin. Cependant, il est vrai aussi que ces difficultés, inhérentes au développement particulier de chaque pays, ne devaient pas, et sans doute n'auraient pas dû, mettre en stand-by un projet dont dépend le futur du Grand Maghreb. Doté de ressources minières et énergétiques appréciables, d'un appareil industriel assez conséquent, quoique, sans doute, demandant à être modernisé, le Maghreb, dont la population est estimée à 80 millions d'habitants (dont près de 80% vivent en Algérie et au Maroc) a tous les atouts pour jouer un rôle prépondérant dans une mer Méditerranée, plus que jamais, lieu de rencontre et lien entre les peuples d'une région qui a vu naître la civilisation humaine. Les problèmes auxquels sont confrontés les pays maghrébins sont à l'évidence cruciaux, ils ne doivent pas pour autant occulter le fait que le Maghreb n'a pas d'autre choix, ni le droit de rater cette opportunité historique d'achever son Union, et surtout, n'a plus droit à l'erreur lorsque l'avenir des générations futures est en jeu. En fait, les contingences qui ont jusqu'ici contrarié la construction du Grand Maghreb ne doivent être ni minorées ni dissimulées, mais ne doivent pas également faire obstacle à l'avènement d'une Union du Maghreb qui s'impose à tous comme incontournable. Notons que dans la perspective du prochain sommet de l'UMA prévu à Alger, les 21 et 22 juin prochain, une réunion préparatoire a eu lieu, hier, au ministère des Affaires étrangères, présidée par le chef de la diplomatie algérienne Abdelaziz Belkhadem.