L'eau est, certes, pompée à la source mais n'arrive jamais dans les robinets. Selon le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou, trois cent vingt (320) villages, dont ceux de la commune de Boudjima, reçoivent l'eau potable douze heures chaque jour en cette période estivale. Paradoxalement, les citoyens n'ont eu droit à aucune goutte d'eau, durant ces trois mois de canicule, même pas celle des pluies. Les citoyens de la région nord de la wilaya de Tizi Ouzou, faute d'eau potable, se contentent de couleuvres. La colère des villageois, alimentée par les égarements des agences locales de la société nationale chargée de la distribution «équitable» de l'eau, n'en finit pas de monter. D'incessantes réunions regroupant les comités de villages et les responsables locaux se tiennent sans réussir à trouver une issue à ce problème, appelé à durer jusqu'à la saison des pluies. Les chiffres avancés par la direction de l'hydraulique n'ont fait qu'exacerber la colère des villageois. Les gens, restés sur leur soif pendant ces mois de chaleur extrême, n'ont pas compris l'attitude des responsables qui semblent complètement déconnectés de la réalité. Toutefois, si l'autorité de tutelle chargée de la gestion de l'eau s'en tient bec et ongles à ses affirmations par les chiffres, les citoyens, de leur côté, vivent le calvaire. Une situation appelant à situer le niveau de responsabilités d'autant qu'elle ne fait que s'aggraver au fil du temps. Flash-back. Au début, il y a des années, les citoyens recevaient de l'eau de façon sporadique. La prolifération des camions citernes comblait cette carence aux frais des villageois. En ce temps-là, une citerne remplie se vendait à mille dinars. Les démunis avaient recours aux différentes sources comme les puits et les fontaines. Les robinets demeuraient à sec pendant des mois. Les comités de villages n'ont cessé de saisir les différents acteurs concernés par le problème de l'eau. De très nombreuses, mais infructueuses, réunions ont regroupé les villageois, les élus locaux et les services de l'hydraulique de la wilaya. Après une longue traversée du désert, les autorités décidèrent de rénover le réseau, jugé désuet. La population, assoiffée, entrevoyait alors une lueur d'espoir. La réalisation du nouveau réseau AEP allait, leur a-t-on promis, régler définitivement le problème de l'eau potable. Mais bizarrement, une année après sa réception, les robinets demeurèrent à sec. Pour que l'eau coule dans les robinets, les citoyens doivent d'abord s'acquitter de leurs redevances antérieures, affirment les responsables. Apparemment, ils auraient consommé mais ont oublié de payer. Un bras de fer s'engage entre les deux parties. Les villageois refusent de répondre à ce qu'ils considèrent comme des injonctions arbitraires. Contactés par nos soins, les élus locaux soutiennent que «c'est un problème purement commercial concernant l'entreprise qui doit, cependant, assurer un service avant d'être payée». L'entreprise en question campe sur sa position, épaulée par les services de l'hydraulique qui affirmaient pomper chaque jour quelque 6000 m3 vers le château d'eau principal de la commune situé à Afir. Dans ce labyrinthe, les citoyens semblent emportés par la crue d'arguments et justifications quant à la bonne distribution de l'eau qui, pourtant, ne parvient jamais dans ces villages. Certes, l'eau est pompée à la source mais n'arrive jamais, et nous l'avons vérifié de visu, aux robinets. Faisant le chemin inverse, on découvrit que la faille ne réside pas dans le réseau. La matière utilisée, le polyéthylène, n'est pas permissif aux fuites. Le problème est ailleurs. Les vanneurs (agents chargés du rationnement des villages) sont pointés du doigt. Ils sont accusés de favoritisme et d'impartialité. Des plaintes ont été adressées aux responsables hiérarchiques. Pour un différend personnel, un agent ferme les vannes sanctionnant toute une population. En attendant, le citoyen demeure le dindon de la farce.