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L'Algérien, ce grand dépensier
MARIAGES, CIRCONCISIONS, FÊTES RELIGIEUSES...
Publié dans L'Expression le 01 - 09 - 2008

La société algérienne est fondamentalement ostentatoire. Il ne faut pas chercher plus loin les causes de l'érosion de son pouvoir d'achat.
Les ménages dépensent sans compter. Doivent-ils nécessairement revoir leur relation à l'argent?
Faire face aux célébrations d'évènements ne nécessite pas obligatoirement l'investissement financier démesuré qui leur est consacré. Constat. La société algérienne est fondamentalement ostentatoire. Il ne faut pas, dans ce cas là, chercher trop loin les causes qui érodent davantage son pouvoir d'achat. Il est vrai que l'on a beaucoup disserté ces jours-ci (à travers l'ensemble de la presse nationale) sur les raisons objectives qui ont laminé les ressources financières des foyers algériens. Une rentrée sociale marquée d'une part par le début du mois sacré du jeûne et d'autre part par le retour des écoliers sur les bancs de l'école.
Pour être encore et certainement plus logique, n'est-il pas plus juste d'énumérer ce qui a engendré toutes les sortes de dépenses auxquelles ont fait face les familles algériennes avant que ne sonne le rendez-vous avec des événements incontournables. Les mariages, les circoncisions, les fêtes organisées à l'occasion de la réussite au baccalauréat sans parler de celles, souvent grandioses qui saluent l'arrivée de nouveaux-nés, et ils sont nombreux à longueur d'année, constituent autant d'occasions de faire la fête.
Elles sont aussi propices à des dépenses financières qui dépassent parfois l'entendement. 10, 20, 30 millions de centimes? Certainement plus. Orchestres, gâteaux et repas en tout genre avec un certain goût pour le raffinement souvent recherché et sans oublier les traditionnels cadeaux. Tout cela peut coûter les yeux de la tête. Tant pis si les moyens viendront à manquer. Ne dit-on pas que «l'on ne vit qu'une fois»? Chaque année, durant la saison estivale, aucune famille algérienne n'échappe au tourbillon et à l'ivresse procurés par les salles des fêtes. Les réceptions y-sont «princières». les femmes rivalisent dans l'ostentation. Il faut afficher son statut social. Ou alors paraître. C'est à laquelle de montrer sa plus belle tenue, son nouveau kaftan, acquis pour des sommes assez rondelettes pouvant atteindre les 10 millions de centimes. Le marocain est en vogue. Il a fait fureur paraît-il. Les bagues en or massif, les colliers, les parures, les montres et les bracelets achèvent de clore un tableau étincelant qui doit briller de mille feux, l'espace de quelques heures. Le temps de permettre aux parfums d'exalter leur senteur et à la théâtralisation de prendre corps. Si les mariages et les circoncisions sont plus caractérisés par l'apparat, les fêtes et les rites religieux constituent un formidable terreau pour le commerce.
C'est l'occasion à ne pas rater pour se faire des bénéfices exceptionnels. A peine l'épreuve du mois de Ramadhan terminée, économiquement parlant que voilà arrivée l'Aïd El Fitr puis l'Aïd El Kebir. Ce dernier se particularise par le sacrifice du mouton. Une dépense supplémentaire qui dépasse de loin un salaire moyen. Il faut compter 20 à 25.000 DA pour le prix d'un mouton correct. Faire face aux dépenses quotidiennes n'étant pas déja une mince affaire. Cela nous amène à nous poser la question suivante: la société algérienne a-t-elle été préparée pour affronter l'économie de marché? La population algérienne n'a pas vu venir les mutations sociales et économiques qu'elle est en train de subir.
Le passage brutal de l'économie planifiée à l'économie de marché ne s'est pas fait sans heurts. Le capitalisme régnant désormais en maître aurait dû faire naître de nouveaux réflexes. L'occupation de l'espace, celle d'un habitat moderne, la gestion du temps libre, la discipline et la rigueur sur les lieux de travail sont autant de critères qui marquent de leur empreinte une organisation sociale typique aux sociétés dites capitalistes. C'est la somme de tous ces efforts gérés individuellement qui convergent vers un même but. L'amélioration des performances pour le bien-être de chacun. A commencer par la gestion du budget familial. Les Algériens ont-ils raté ce palier? Si l'on en juge par l'état de dégradation de leur environnement économique et social, la réponse et sans coup férir oui! Le choc a bien eu lieu entre la tradition et la modernité.


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