Il est exigé à l'avenir que tout projet d'investissement remplisse les critères de lisibilité indispensables et nécessaires à sa mise en chantier. Le message est clair. Le Trésor public ne sera plus la vache à lait. Tout sera fait pour que l'on connaisse désormais la destination du moindre sou. Le chef de l'Etat ne compte pas donner un coup de frein à l'élan qu'il a insufflé au plan de développement économique qu'il a lui-même initié. «Cela n'est pas destiné à freiner les efforts de l'Etat en matière de développement, auxquels j'accorderais toujours une importance extrême tant les retards à rattraper sont encore importants», a déclaré, dimanche, M.Bouteflika à l'occasion de l'audition dont a fait l'objet le grand argentier du pays, M.Karim Djoudi. Le président de la République a montré, encore une fois, sa préoccupation quant aux délais fixés et non atteints par certains projets qui figurent parmi les priorités de son programme. L'autoroute Est-Ouest et le million de logements demeurent incontournables. L'horizon 2009 est déjà en vue. Les ministres concernés sont sur le terrain sans relâche. Amar Ghoul et son collègue de l'Habitat, Noureddine Moussa, redoublent d'efforts pour relever le défi. Bouteflika se projette déjà dans l'avenir. Le prochain programme quinquennal pour la période 2009-2014. «Ce futur programme accorde la priorité aux projets ayant fait l'objet d'études préalables pour leur lancement sans retard ni réévaluation», a-t-il souligné. «J'insiste auprès du gouvernement pour la rationalisation de la dépense publique et la lutte contre le gaspillage des deniers de l'Etat», avait déclaré le président de la République lors du dernier Conseil des ministres. L'embellie financière que connaît l'Algérie est tout simplement historique. Elle représente 133 milliards de dollars pour le premier semestre de l'année 2008. Une manne fabuleuse qui, on ne la répètera jamais assez, n'est due qu'aux exportations en hydrocarbures et à l'envolée spectaculaire du prix du pétrole. En une phrase: une conjoncture économique favorable. Ce qui ne doit en aucun cas occulter la fragilité de l'économie nationale. Un grain de sable dans la machine et toute cette belle mécanique peut s'enrayer. C'est ce type de situation, ce scénario catastrophe contre lequel le président de la République ne cesse d'appeler à la vigilance. Et ne dit-on pas que «l'argent est le nerf de la guerre»? L'Algérie, et peut-être pour la première fois de son histoire, en dispose suffisamment. Il fait l'objet de convoitises et il n'y a aucune raison de s'en servir ou de le dilapider pour le seul prétexte qu'il ne cesse de couler à flots. Abdelaziz Bouteflika a adressé une sévère mise en garde contre les milieux parasitaires et mafieux. «Les ministres doivent assumer leurs responsabilités dans l'exécution correcte de leurs programmes», avait souligné le premier magistrat du pays lors du Conseil des ministres, il y a tout juste une semaine. Autrement dit, c'est un phénomène de taille que tente de révolutionner le chef de l'Etat: le rapport à l'argent dans la société algérienne. Ne pas confondre Trésor public et porte-monnaie personnel.