Accueilli en «prophète», il a proposé de «dresser un faux barrage aux fraudeurs». Pour sa deuxième apparition dans la commune d'El-Harrach, la tête de pont du MSP, cheikh Nahnah, a fait une entrée en fanfare, mais en retard. Le roulement des tambours exécuté par une ribambelle d'enfants encadrant Nahnah à son arrivée et les slogans cieux comme le ventre d'un affamé, ont donné un cachet particulier à ce meeting. Une atmosphère frénétique à la salle des fêtes qui a abrité le meeting dont l'entrée a été mise à profit par des «vendeurs de casquettes, apparemment pour se protéger d'un éventuel coup de soleil». Le langage populiste de Nahnah lors de son speech et assisté par des personnes dans les rangs des militants, a provoqué l'hystérie au sein de l'auditoire évalué, à quelque 1000 personnes. Sur un fond musical et des chants religieux, Nahnah a invité les militants et sympathisants à «être soleil et voter soleil». En bon analyste, cheikh Nahnah, profitant de «l'accueil prophétique» que lui ont réservé ses fidèles a, avec assurance, déclaré que «d'El-Harrach se taira le klach (Kalachnikov) et les ghachach (fraudeurs) et le frach (lit)». Cette déclaration, quelque peu impudique, a laissé place aux rires, mais a indigné quelques personnes. Dans son allocution, cheikh Nahnah, en se gardant de révéler des noms, a fustigé «certaines personnes des mannes financières et qui sont à l'origine de tous les maux de la nation». Le laxisme du pouvoir, a-t-il ajouté «a conduit nos enfants et nos filles à se prêter à la luxure décadente» en évoquant la prostitution, le chômage et la misère. La Palestine a été un des chevaux de bataille du leader du MSP pour conquérir les électeurs. La fraude électorale a été aussi, un sujet sur lequel Nahnah s'est attardé. Mettant en relief les effets néfastes de cette pratique et dont «le peuple algérien a subi les contrecoups», le leader islamiste a proposé «le changement qui peut faire un faux barrage à la fraude» et a ajouté, pour justifier son écart de langage, que «la fraude occasionne plus de dégâts que les vrais faux barrages». Dans sa lancée, Nahnah a dressé un bilan négatif des Chambres parlementaires et des pratiques «intra-muros des députés et sénateurs». A ce titre, il s'est interrogé sur «l'absence de président à la tête du Conseil de la nation». Evoquant la mondialisation et la globalisation, le chef du parti a trouvé que «cette politique imposée détruit notre culture». Avec véhémence, il a dénoncé «la présence d'Israël en Algérie et dont l'un des pôles est le Rotary Club». Parlant des accords d'association entre l'Algérie et l'UE, le leader du MSP a estimé que «ces derniers sont à sens unique, à savoir que l'Algérie importe et n'exporte pas», ajoutant : « Ces accords constituent une mort programmée de l'économie algérienne. » Usant du verbe saillant comme on userait d'un couteau, le cheikh s'est attaqué à la presse demandant à celle-ci de faire «dans la transparence» tout en courtisant la télévision présente sur les lieux du meeting. Les journalistes présents ont été montrés du doigt par toute l'assistance laquelle scandait avec force et virulence à leur adresse: «Dites la vérité.» Un instant qui a donné des sueurs froides tant la frénésie était à son paroxysme. Les «Allah ou Akbar» lancés par les sympathisants, militants et fidèles nous ont étrangement renvoyés à une époque, où similairement le FIS enflammait l'auditoire.