Souvent, c'est uniquement sur la base du «rendement» du chef que le parti gagne une élection. Par deux fois, le leader du MSP, Mahfoud Nahnah, a mérité le titre du candidat-spectacle par excellence. A El-Harrach d'abord, au début de la dernière semaine où il fut accueilli par un inénarrable «talaâ el-badro alâynâ» («la pleine-lune est apparue à nous»), digne des premiers temps prophétiques. Ce jour-là, le cheikh improvise un «la klach, la ghechache», (ni terroristes ni fraudeurs) très apprécié par les collectionneurs des «nahnahiyate». Déjà, en 1995, lors de la présidentielle, la chanson favorite des partisans de Nahnah, digne des plus zélés «ch'naouas» du MCA, était une rocambolesque: «Holé, holà! Nahnah raïssouna!». Bien sûr, à la guerre comme à la guerre, et les élections sont une petite guerre politique. On peut drainer les foules et glaner des voix par la ruse, ou le mensonge (de circonstance) ou les promesses, le sentiment tribal, religieux ou par le méchoui. Ce dernier procédé a été utilisé à fond à Djelfa, Tiaret, Tissemsilt, Laghouat, El-Bayadh, etc. Cette ruse gastronomique n'est pas propre aux villes agropastorales des Hauts-Plateaux uniquement. A Khenchela, par exemple, des centaines de têtes de moutons sont passées par la braise des électeurs, goulûment encouragés par des candidats à l'Assemblée. Des dizaines de «garages» ont été loués à 5000 dinars, pour la quinzaine du 10 au 25 mai, et les z'rad, à base de berboucha et de méchouis, ont défilé sans interruption, au bonheur des démunis de la région.