S'il décide de briguer un troisième mandat, le président de la République partirait grand favori de cette élection un peu particulière. Est-ce l'unique raison qui pousse les éventuels postulants à la magistrature suprême à ne pas se bousculer au portillon? Il est vrai que les lendemains de défaites électorales ont plutôt un goût amer. Surtout celles qui laminent. On se réveille groggy. Sonné debout. K.O. comme un boxeur. Et le scénario de 2004, qui a vu l'éclatante élection de Abdelaziz Bouteflika avec plus de 80% des voix, a de fortes chances de se reproduire. Qui fera le poids devant celui qui s'annonce comme le candidat de l'Alliance présidentielle (RND, FLN, MSP)? Ces trois partis, à eux seuls, représentent l'écrasante majorité des Assemblées populaires communales, des Assemblées populaires de wilaya ainsi qu'à l'intérieur de l'Assemblée populaire nationale. Si ces trois formations politiques défendent chacune sa chapelle et partent en rangs dispersés lors des rendez-vous électoraux (APC, APW, APN), l'élection présidentielle leur offre, notamment depuis 2004, l'occasion de se rassembler autour d'une candidature unique, celle de Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Ouyahia se veut encore plus précis sur le soutien indéfectible qu'il compte apporter au premier magistrat du pays. «J'appartiens à une formation qui a le droit de choisir. Certes, je ne revendique pas Abdelaziz Bouteflika comme propriété du RND, mais nous le soutenons car nous récoltons, aujourd'hui, le fruit d'une décennie», a déclaré le chef du gouvernement lors du conseil national du Rassemblement national démocratique qui s'est tenu le week-end dernier. C'est le moment qui a été choisi pour mettre fin au suspense qui a entouré la révision de la Constitution. Aura-t-elle lieu, n'aura-t-elle pas lieu? «Elle aura lieu et elle va se faire dans les tout prochains jours et non pas en mars 2009.» Ahmed Ouyahia a mis un point final à une question qui a duré tout de même deux années et demie. Un sujet qui a tourné à la polémique lancée par Abdelaziz Belkhadem et dont le dénouement lui a échappé comme une anguille d'entre les doigts. Une frustration que l'ex-chef de gouvernement aura à coeur de gommer, à l'occasion du coup d'envoi de la campagne électorale après que l'actuel président de la République ait annoncé sa candidature officiellement. Est-ce ce moment-là qu'attendent les potentiels prétendants à la magistrature suprême pour se manifester? Moussa Touati, le président du Front national algérien (FNA) n'a pas attendu l'annonce imminente de la révision de la Constitution par le chef de l'Etat pour afficher ses prétentions, mais aussi pour faire face à ses responsabilités de leader politique. «C'est l'avenir de l'Algérie qui est en jeu, et le FNA n'a pas l'habitude de fuir ses responsabilités. Nous sommes responsables devant le peuple», a tenu à souligner Moussa Touati lors d'une conférence de presse qu'il avait organisée à Alger, le 13 septembre 2008. Il avait devancé d'une semaine les déclarations d'Ahmed Ouyahia concernant et la révision de la loi fondamentale et l'éventualité d'un troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. Fort de la position de sa formation qui est considérée comme la troisième force sur l'échiquier politique, Moussa Touati ne compte ni jouer «le lièvre», encore moins le faire-valoir. La redoutable machine électorale, qui va être mise en route par les partis de l'Alliance présidentielle (RND, FLN, MSP), ne l'impressionne pas outre mesure. «Nous n'accepterons pas le qualificatif de lièvre car nous sommes des chasseurs», a précisé le président du FNA. Il est vrai que son parti a connu une belle moisson lors des derniers scrutins électoraux (APC, APW). Moussa Touati se sent pousser des ailes. Louisa Hanoune, Saïd Sadi, le FFS et les autres temporisent. La très probable candidature de Bouteflika pourrait pousser quelques-uns d'entre eux à déclarer forfait.