Mais quelle est donc cette machine dont parlait M.Ouyahia et qui garantirait, selon lui, le 3e mandat de Bouteflika? La machine du RND est d'abord son statut de chef du gouvernement. Un statut qui donne à tout chef de parti, l'autorité et surtout le respect pour rassembler, autour de lui, le maximum de cadres et de responsables qui, à leur tour, peuvent rassembler des milliers de sympathisants, autrement dit des électeurs. En plus de ce statut, il y a le parti avec ses centaines de militants, ses 61 députés, ses 3426 élus locaux et sa quarantaine de sénateurs. Des élus du peuple qui, avec leurs cotisations, peuvent servir de source de financement pour garantir une campagne électorale, agressive et complète. Mais le plus important aussi, les organisations de masse dirigées ou contrôlées par le RND, telles que l'Union des femmes algériennes de Houria Hafsi qui vient d'être écartée du bureau national et qui a commencé à faire des conférences pour mobiliser les femmes au titre du 3e mandat. Autre organisation de masse contrôlée par le RND, les Scouts musulmans dirigés par Nouredine Benbrahem qui fait face ces derniers temps à un redressement politique dirigé par une aile du mouvement contrôlé par les islamistes. Toutefois, le plus important soutien de masse pour le RND est l'Organisation des enfants des moudjahidine dirigée par Mbarek Khalfa, lui aussi écarté du bureau national du RND et, surtout Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et Khaled Bounedjma, SG de la Coordination nationale des enfants de moudjahidine. Il faut dire que les organisations des moudjahidine et des enfants de chouhada ont été toutes récupérées par le parti de Ahmed Ouyahia, dont l'héritage révolutionnaire est la source d'existence du RND. Aux côtés des moudjahidine, il faudrait ajouter l'Association nationale des victimes du terrorisme, conduite par Mme Flici, et qui a souvent rempli les salles de meeting de Baraki, de Larbaâ ou de Blida, avec la famille de la tragédie nationale. Le tout sans oublier l'Ugta, la machine électorale qui possède 1,5 million d'inscrits et qui se présente comme la grosse cylindrée de la machine électorale à toutes les élections en Algérie. L'Ugta qui reste contrôlée par le FLN, possède avec Malki, l'un des bras droits de Ouyahia, un soutien de taille pour essayer de contrôler un navire qui pourrait, à tout moment, chavirer d'un côté comme de l'autre. Mais la machine électorale Ouyahia n'est rien sans les «spindoctors» de la communication qui sont chargés, durant la campagne électorale, d'alimenter les polémiques et faire bouger la masse. C'est le cas de Chihab Seddik, l'ex-maire, l'ex-sénateur et nouvellement vice-président de l'APN, et qui est souvent envoyé sur le terrain par Ouyahia pour faire passer les messages politiques forts, comme ce fut le cas récemment avec le sort des patriotes. Mais il y a aussi Harchaoui Abdelkrim qui fait passer souvent ses messages économiques pour éclairer ou améliorer le paysage économique et enfin, la communication de masse pour le petit peuple, a été cédée au porte-parole du RND, Miloud Chorfi. Enfin, il faudrait ajouter à cela le mouvement sportif emmené par l'un des loups du RND, Mustapha Berraf, qui n'hésitera pas à faire bouger le mouvement sportif national pour le compte du RND et, par extension, pour Bouteflika. Créé il y a seulement 11 ans, le RND possède la plus importante machine électorale du paysage politique algérien. Toute la société civile et politique est à la disposition du SG du RND Ahmed Ouyahia, tant qu'il est chef du gouvernement et tant qu'il est membre de l'Alliance présidentielle.