L'alinéa 5 de l'article 75 de la Constitution stipule que le Président «nomme le Chef du gouvernement et met fin à ses fonctions». L'installation du nouveau gouvernement, après le limogeage de Ali Benflis remplacé par Ahmed Ouyahia, suscite moult interrogations. Non pas en ce qui concerne sa composante, mais beaucoup plus au sujet de son fonctionnement qui sera difficile d'assurer en raison des horizons divers dont sont issus les acteurs de la scène politique nationale. Un Président de la République qui s'est toujours revendiqué du FLN, mais qui refuse actuellement toute appartenance à un parti excepté celui d'appartenir à l'Algérie. Un Chef du gouvernement issu d'un parti non majoritaire au sein des institutions étatiques. Un parti majoritaire relégué au rang d'opposition. Un programme présidentiel que le Rassemblement pour la culture et la démocratie, un parti en pleine décomposition qui ne fait pas partie des institutions, avait proclamé sien dans ses grands axes. Un programme que Ouyahia devra appliquer avec des ministres à coloration FLN (14 portefeuilles sur les 28 ministres et 10 délégués), car le Front de libération nationale demeure le pilier de ce nouveau gouvernement, en dépit du limogeage de son secrétaire général Ali Benflis. La tâche du nouveau gouvernement, sous la férule du secrétaire général du Rassemblement national démocratique reconduisant quasiment l'équipe sortante, consistera-t-elle à maintenir l'activité gouvernementale jusqu'à l'élection présidentielle prévue en avril 2004 tout en accélérant les réformes prônées par le Président de la République dans son programme d'action? Cependant, de nombreux observateurs sont convaincus qu'un autre remaniement ministériel aura lieu dès la rentrée sociale de septembre. Ce cabinet s'attellera à préparer l'élections présidentielle de 2004. De ce fait, tout se passe comme si M.Ouyahia poursuivait sa mission de «représentant personnel du Président de la République». Une fonction qu'il occupait dans le gouvernement de Ali Benflis. Aussi cette cohabitation FLN-RND répond-elle à une logique? Non si on se réfère aux démocraties des pays occidentaux où la chefferie revient de droit au parti majoritaire au Parlement. Oui si on se réfère à l'alinéa 5 de l'article 75 de la constitution qui stipule que le Président de la République «nomme le chef du gouvernement et met fin à ses fonctions» et ce sans tenir compte de sa coloration politique. Partant de ce concept il est aisé de reconnaître au Président ses prérogatives et son choix de limoger Ali Benflis de son poste de Chef du gouvernement tout en accordant son soutien au nouveau même s'il est minoritaire à l'APN ( 49 députés sur 389 ). En outre, ce cas de figure n'est pas inédit dans les annales de la scène politique nationale. En effet, pour rappel, lors du limogeage d'Ahmed Ouyahia, remplacé par Smaïl Hamdani dans un premier temps qui avait dû céder lui-même la place à Ahmed Benbitour lui-même remplacé par Ali Benflis, le RND, dont est issu Ouyahia, était majoritaire à l'APN et il avait apporté son soutien au nouveau Chef du gouvernement issu du FLN parti minoritaire à ce moment-là. Aujourd'hui, le RND attend le renvoi d'ascenseur même s'il a fustigé l'action de son prédécesseur par la voix de Seddik Chihab, membre du bureau politique, qui a saisi l'occasion de l'ouverture des travaux du précongrès régional des six wilayas du Centre (en prévision du 2e congrès du parti prévu les 15, 16 et 17 mai courant), jeudi dernier à l'hôtel Ryad pour relever que depuis l'accession de Ali Benflis au gouvernement, la machine de l'Exécutif est en panne.«Cela fait deux ans que l'on chante et qu'on parle de relance économique, mais en réalité le gouvernement a sombré dans une léthargie profonde», déclare-t-il devant les congressistes avant de s'interroger «Qu'a-t-on fait durant cette période?» «Que du replâtrage et quelques travaux de réfection des trottoirs», répond-il avec ironie. La désignation de M.Ouyahia à ce poste de responsabilité insufflera, selon ses dires, une nouvelle dynamique à la gestion des affaires de la cité. «Ils (les décideurs) l'ont sollicité pour donner justement le coup de starter à la machine», fait-il remarquer non sans indiquer que les conditions d'une relance économique existent: «L'argent, les moyens et la volonté existent pour relever les défis.» Voilà qui conforte et justifie en clair la décision du Président de la République.