Le Cnes et l'APN emboîtent le pas au président de la République: ils décident d'auditionner des ministres. Après avoir secoué ses ministres, Abdelaziz Bouteflika leur trace la voie à suivre. Le Conseil national économique et social et l'Assemblée populaire nationale se mettent de la partie. Simple coïncidence ou hasard du calendrier? A moins que l'initiative du chef de l'Etat n'ait fait des émules. L'institution que dirige Mohamed Seghir Babès et les élus du peuple soumettent à la redoutable épreuve de l'oral les ministres de la République. Le commun des mortels est en droit de se poser l'incontournable question qui s'impose. A quoi sert la multiplication de ce type de démarches? En ce qui concerne le président de la République, une cohérence certaine est à observer dans les différentes étapes de ses interventions. Le coup de starter avait été donné la veille du début du mois sacré du Ramadhan. En Conseil des ministres, il avait appelé les membres du gouvernement à plus de vigilance quant aux dépenses des deniers publics. «J'insiste auprès du gouvernement pour la rationalisation de la dépense publique et la lutte contre le gaspillage des deniers de l'Etat», avait solennellement déclaré Abdelaziz Bouteflika. Il fallait donc de la suite dans cette remise à l'ordre, et c'est tout naturellement que l'ensemble du staff gouvernemental s'est mis à défiler, département ministériel après département ministériel, au Palais d'El Mouradia. L'action de chaque membre de l'Exécutif a été passée au crible. Le ton du président de la République est-il monté d'un cran? Possible. Les recommandations et certains correctifs de taille, qui ont été apportés aux secteurs stratégiques, l'attestent. Abdelaziz Bouteflika a exigé des performances. Transport aérien, transport public, agriculture, santé, eau, éducation...des départements concernés au plus haut point. Le chômage, l'emploi des jeunes constituent l'un des axes prioritaires de l'action gouvernementale. Gare à l'échec car les moyens nécessaires ont été débloqués pour mener à bien les chantiers du programme de développement économique qu'il a lui-même initié. Ne feront partie de son équipe que les éléments qui gagnent, à l'instar de Amar Ghoul. Le ministre des Travaux publics vient de donner l'exemple. Ce qui lui a été confié sera réalisé avant les délais. La rencontre programmée entre le Cnes et cinq ministres des secteurs-clés de l'économie de l'Algérie revêt plus un caractère d'ordre technique. Elle est d'un intérêt hautement important dans l'amélioration de la maîtrise des technologies modernes. C'est son manque de lisibilité pour le citoyen algérien qui risque de détourner son intérêt. Une mission théorique réservée à un cercle restreint loin des préoccupations du moment. Les Algériens ont dû faire face à une rentrée sociale des plus contraignantes financièrement. Ramadhan, rentrée scolaire ont mis à mal leur pouvoir d'achat, en attendant les dépenses de l'Aïd El Fitr. Et ce ne sont certainement pas les députés de l'Assemblée nationale qui, dans un simulacre d'audition des ministres, leur seront d'un quelconque secours. Eux, se sont déjà servis. Et c'est dans une indifférence populaire totale que la farce continue.