Crise financière, inflation, hausse de la facture des importations...Jusqu'à l'heure actuelle, le ministre des Finances ne s'est pas encore exprimé sur la question. Sujet d'actualité et de préoccupation majeure, principalement sur les places économiques mondiales, la crise financière tend à se mondialiser avec des effets durables. «Elle va durer assez longtemps avec de graves conséquences économiques», affirmait Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, quant à l'issue de cette crise qui a touché pour le moment les Etats-Unis et les pays développés. Cette crise financière «mondialisée» risque, plus tôt que prévu, d'avoir des retombées négatives sur l'Algérie malgré les discours officiels qui se veulent rassurants. Un risque dont les effets se font déjà ressentir à travers une répercussion directe sur les prix des produits de consommation. Des faillites en chaîne. Les retombées de cette crise se manifestent à travers les flux financiers avec la nature des taux de change «semi-flexibles» et se répercuteront sur la monnaie, les matières premières, les équipements et les biens de consommation. Certes, le marché financier national n'est pas très important, l'économie nationale est davantage touchée par la faiblesse du dollar face à l'euro, conséquence directe de notre dépendance de l'importation et des marchés mondiaux. Ainsi, déclenchée en août 2007, la crise des subprimes a, aujourd'hui, des effets que les experts n'avaient pas prévus. La fermeture jeudi de la banque américaine Washington Mutual, après la récente faillite de Lehman Brothers, en est la preuve. En Algérie, la place financière est en effervescence. Normal, la France a, à son tour, essuyé les retombées d'une vague dont personne ne peut actuellement en mesurer l'ampleur. A l'autre rive de la Méditerranée, on s'inquiète des répercussions sur les portefeuilles et le moral. Depuis l'annonce de la mise sous protection de la loi sur la faillite de la «Lehman Brothers», quatrième banque d'investissement de Wall Street, la panique s'est emparée des places boursières. Pour rassurer les investisseurs et épargnants, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a réuni les directeurs de banques nationales et des agences des banques étrangères implantées en Algérie. «Nous ne sommes pas concernés par la crise internationale car nous n'avons pas de subprimes dans nos banques», aurait laissé entendre Mohamed Laksaci. C'est normal, les banques d'Algérie ne prêtent pas du liquide aux citoyens. La diversification des devises de placement telle que menée par la Banque d'Algérie et la poursuite d'une gestion prudente des réserves de change ont permis à l'Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences actuelles sur les marchés financiers internationaux, a soutenu Mohamed Laksaci, faisant allusion aux quelques dizaines de milliards de dollars algériens placés dans les banques américaines en bons de Trésor. En effet, en plaçant son argent en bons de Trésor, certes avec un taux faible (2,5%), l'Algérie avait pris le chemin le moins risqué. Si l'Algérie avait mis cet argent dans les banques d'affaires, avec certes un taux élevé, la cagnotte aurait volé en éclats. Et alors, bonjour les dégâts. Et les ressources financières algériennes auraient été emportées par ce tsunami financier. Cependant, ce que le gouverneur de la Banque d'Algérie feint d'oublier, a trait au fait que l'économie algérienne est tributaire des importations, donc des marchés internationaux. Et si les Etats-Unis sont frappés, ce ne sont pas des pays comme l'Algérie qui seront épargnés. D'autant que cette crise est d'abord une crise de financement. Si les banques étrangères, pour des raisons de solvabilité, décident de se désister de leurs succursales, ces dernières se retrouveront dans l'incapacité de prêter à leurs clients (particuliers ou entreprises). La crise se répercutera alors sur l'économie réelle. Sur un autre plan, si une récession survient sur les marchés, notamment aux Etats-Unis, elle pourrait entraîner la baisse de la demande, donc de la production. Conséquence: les demandes en matières premières vont reculer. En outre, cette crise peut aussi entraîner la chute du dollar. Le prix du baril de pétrole étant coté en billet vert, une baisse de son cours va provoquer la baisse des revenus nationaux. Si la communauté internationale se soucie aujourd'hui de la crise financière dans les pays avancés, il est important de ne pas perdre de vue l'autre crise: la persistance des effets néfastes du renchérissement des prix des denrées alimentaires. Et comme les importations algériennes dépassent les 30 milliards de dollars par an, la facture risque d'être salée, d'autant que la France, principal partenaire économique, n'est pas épargnée. Le président français Nicolas Sarkozy a prévenu jeudi que la crise financière aurait des conséquences de longue durée sur la croissance et le chômage. Et cela reste valable pour l'Algérie, pays totalement dépendant de ses exportations hydrocarbures.