Stita est sise dans la commune de Makouda et dans la daïra éponyme située à environ une quinzaine de km au nord du chef-lieu de wilaya. Le bourg se divise en deux parties, le centre aux abords de la RN72 et la zone éparse en contrebas reliés par une piste d'environ trois km, une piste poussiéreuse à souhait en été et, notamment en ces temps où des travaux, pour la pose de la conduite de gaz devant alimenter Azeffoun, se poursuivent. En hiver, cette piste devient un véritable parcours de motocross. Les habitants de ce village se plaignent surtout d'un manque d'eau. «A Stita, il est interdit de rêver d'eau coulant normalement d'un robinet. Quand l'eau revient, notamment en hiver, on assiste à des sortes de geysers causés par les multiples fuites d'une conduite vieillotte et totalement percée.» Au niveau de la zone éparse, les habitants ont finalement, et après avoir attendu et vainement durant des années, décidé de recourir au creusement de puits, seule méthode qui vaille. A Stita-centre, une école élémentaire en préfabriqué récemment rénovée répond sans doute aux besoins du bourg alors que les collégiens et les lycéens doivent se déplacer sur Makouda, soit à environ sept km plus au nord. Les enfants se déplacent en fourgons contre espèces sonnantes et trébuchantes. Mis à part deux épiceries et trois cafés, le village n'est doté pratiquement d'aucune autre structure. Sa population, pour la plupart des agriculteurs, compte également une forte proportion d'émigrés et aussi des centaines de citoyens qui «chôment». A Stita les gens disent ne pas connaître ce que veillées de Ramadhan veulent réellement dire, du fait qu'excepté les cafés maures, c'est le vide total. A Stita, les gens se demandent si leur village existe dans les plans de l'administration tant les problèmes foisonnent. En outre, les gens regrettent que les services de santé ne s'occupent pas en réalité de la salle de soins, totalement dépourvue, et qui plus est, ne bénéficie même pas de la visite d'un médecin, ne serait-ce qu'une fois par semaine. Le village ne s'explique pas cette décision qui selon les villageois concerne le gaz naturel. «Vous savez, disent quelques barbes blanches, le gaz naturel va passer en plein milieu du village et nous n'allons pas être raccordés au réseau.» A Stita qui est en fait un cadre agréable, les problèmes ne manquent pas: l'eau, le transport, la piste et le gaz naturel. Stita est-elle la banlieue de l'enfer pour des villageois qui pourtant ont payé leur écot à la lutte de Libération nationale?